Luc 20, 27-38

« Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants »

Saint Augustin

Discours sur le psaume 65, 1, p. 1184s


Nous autres, chrétiens, nous connaissons la résurrection qui s’est opéré dans notre chef et qui aura lieu dans ses membres. Le Christ est chef de l’Eglise, et l’Eglise forme les membres du Christ, écrit saint Paul aux Colossiens (1,18). Ce qui s’est tout d’abord accompli dans le chef doit ensuite s’accomplir dans le corps. Telle est notre espérance, voilà pourquoi nous croyons, voilà ce qui nous soutient, ce qui nous fait supporter la malice de ce monde, parce que l’espérance nous console, jusqu’à ce que l’espérance devienne réalité. Or, elle se réalisera quand nous ressusciterons, alors que, devenus célestes, nous serons semblables aux anges. Qui oserait l’espérer, si la vérité même ne l’avait promis ? Ces promesses, cette espérance, les Juifs les avaient aussi ; de là vient qu’ils se glorifiaient de leurs bonnes œuvres, comme des œuvres de justice, parce qu’ils avaient reçu la loi, et qu’en la prenant pour règle de vie, ils devaient posséder ici-bas des biens temporels, et, à la résurrection des morts, acquérir ces mêmes biens qui faisaient leur joie ici-bas. Aussi les Juifs ne pouvaient-ils répondre aux Sadducéens, qui niaient la résurrection future, et qui leur proposaient la question qu’ils firent au Seigneur. Nous comprenons, en effet, par l’admiration que leur causa la solution du Seigneur. Nous comprenons, en effet, par d’admiration que leur causa la solution du Seigneur, que cette solution était pour eux insoluble. Les Sadducéens le consultaient donc au sujet d’une femme qui avait eu cinq maris, non pas simultanément, mais successivement. Pour favoriser l’accroissement du peuple, la loi ordonnait que, si un homme venait à mourir sans enfant, son frère, s’il en avait, épouserait sa veuve, afin de susciter des enfants à son frère. Ils proposèrent donc une femme qui avait eu sept maris, tous morts sans enfants, et qui n’avaient épousé cette veuve de leur frère, que pour accomplir ce devoir ; ils posèrent alors cette question : A la résurrection, duquel des sept sera-t-elle la femme ? Assurément, cette question n’eût été pour les Juifs ni insoluble, ni difficile, s’ils n’avaient pas espéré après la résurrection le même genre de biens qu’en cette vie. Mais le Seigneur, en leur promettant d’être comme des anges, et non point dans la corruption d’une chair humaine, leur dit : Ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir, à  la résurrection, ils ne prennent ni femmes ni maris. C’est qu’ils ne peuvent plus mourir, car ils sont pareils aux anges. Ils sont fils de Dieu, puisqu’ils sont fils de la résurrection. Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.