Jean 2, 13-22

Le signe du Temple

Père Henri van den Bussche

Dans le quatrième évangile, BVC 20, p. 95s

 

Contrairement aux synoptiques, l’esprit synthétique de Jean n’a pas songé à dissocier la discussion du geste purificateur. En outre, son interprétation extrêmement concise, est bien plus nette et plus précise que celle des synoptiques. Il ne la met pas dans la bouche de Jésus, mais la prend à son propre compte. D’une part, le tableau est pris sur le vif ; d’autre part, son interprétation atteint à l’intelligence la plus évoluée des événements. Telle est la maîtrise de Jean que, chez lui, la sensation du vécu se double d’une interprétation, qui, sans conteste, est la plus profonde.

Dans son récit de la purification, Jean renchérit sur les synoptiques. Il n’y a pas seulement des changeurs et des marchants de colombes à être chassés, mais aussi des marchants de bœufs et de brebis. Le fouet de cordes est mentionné et fait impression : il balaie aussi bien le bétail, l’argent et les tables des changeurs que leurs propriétaires : c’est est fini de l’ancien régime. L’apostrophe directe : Enlevez-moi ça d’ici, est bien mieux en place que la catéchèse des synoptiques.

Le quatrième évangile, en racontant l’incident au début de la vie de Jésus, nous renseigne sur la portée messianique du geste. Et l’apostrophe confirme cette opinion, car en parlant de la maison de son Père, Jésus revendique une intimité particulière avec Dieu. Les Juifs paraissent avoir compris le geste messianique, puisqu’ils réclament un miracle qui garantit la messianité de Jésus. Mais le geste purificateur doit à lui seul suffire. Leur exigence démasque leur incrédulité.

La réplique de Jésus fait songer au signe de Jonas : Détruisez ce temple, et, en trois jours, je le relèverai. Le temple en question ne peut pas être un autre que celui de Jérusalem. L’impératif exprime d’une façon prophétique un état de fait. Les Juifs ne perdraient rien à démolir leur temple, dépassé déjà par la présence de Jésus. Bien sûr, les Juifs, qui écoutaient, ne pouvaient songer qu’au temple messianique. Jésus le bâtirait en trois jours, c’est-à-dire : sous peu. On pourrait caractériser la situation par la phrase de la première lettre de Pierre : Voici le temps où le jugement va commencer par la maison de Dieu. Cependant, d’après Jean qui a vécu ces événements, Jésus ne bâtira pas de nouveau temple, Il sera lui-même ce temple.