Luc 23, 35-43

Le Christ, Roi crucifié

Dom Jean-Pierre Longeat

La liturgie du Christ-Roi, Liturgie 191, p. 355s

 

          L’évangile de ce jour insiste sur le caractère royal du Messie élevé sur la Croix : l’épisode relaté n’est autre que celui de la crucifixion au calcaire à laquelle assistent les chefs du peuple, les soldats et la foule.

            Les chefs du peuple évoquent la déclaration du procès religieux fait à Jésus lorsqu’il comparaissait devant le Sanhédrin : cet homme se dit le Messie, le Fils de Dieu. Ils constatent que la voie suivie par Jésus ne mène à rien. S’il est prophète de Dieu, Dieu prendra soin de lui. Mais Dieu, en le délaissant, ratifie le jugement. La Loi avait raison : la mort de Jésus le range effectivement parmi les blasphémateurs. Cet homme ne peut être qu’un faux Messie.

            Les soldats utilisent l’appellation du procès civil, quand Jésus fut traduit devant Pilate : le roi des Juifs. La royauté de Jésus provoque insultes et moqueries, car elle n’est pas fondée sur le prestige de la gloire humaine, mais elle vient du Père, suivant la voie qu’il a choisie : la pauvreté, l’échec et finalement la croix. Jésus ne répond pas aux désirs impatients des hommes, mais il invite chacun à emprunter le long chemin de la liberté et de la justice. Un chemin difficile s’il en est. C’est le chemin des Béatitudes, le chemin du Royaume, le seul chemin qui conduise l’homme à son accomplissement véritable.

            La foule, elle, se tenait à distance. Ce n’est plus la foule enthousiaste de l’entrée de Jésus à Jérusalem, ce n’est pas encore la multitude qui s’en retourne en se frappant la poitrine. C’est le peuple des humbles, de ceux qui attendaient la restauration d’Israël, mais qui se retrouvent une nouvelle fois déçus. Ce peuple contemple Jésus en silence. C’est le Dieu crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Le silence respectueux du peuple, qui contemple à distance, s’achève en prière sur les lèvres du second malfaiteur, celui que l’histoire a appelé le bon larron. Ce dernier ne cherche pas à éluder le passage par la Croix, il vivra désormais avec Jésus dans l’aujourd’hui de Dieu, dans son Royaume, Royaume ouvert à ceux qui acceptent de vivre à la suite du Christ dans le dénuement de la foi et la pratique de l’amour.

            Le Christ-Roi nous permet de remporter une victoire, celle du Bien sur le Mal, de la justice sur l’injustice, de l’amour sur la haine, de la paix sur la guerre. Le Seigneur trône en Roi pour toujours, le Seigneur bénit son peuple en lui donnant la paix.