Daniel 1, 1-21

Comment sainte Elisabeth honorait Dieu dans son enfance

Charles de Montalembert

Histoire de sainte Elisabeth de Hongrie, p. 215s

 

          Plus elle grandissait et plus elle croissait en vertu et en piété, plus elle vivait en elle-même, recueillie en la présence de Dieu, qui se plaisait dès lors à la parer de ses grâces.

          L’usage voulait à cette époque que les princesses et les jeunes filles tirassent au sort, parmi les apôtres, un patron spécial. Elisabeth qui avait déjà choisi la sainte Vierge pour sa protectrice et son avocate suprême, avait aussi une vénération, une grande amitié avec saint Jean l’Evangéliste, à cause de la pureté virginale dont cet apôtre était le type. Elle se mit donc à prier avec chaleur Notre Seigneur de faire en sorte que le sort lui assignât saint Jean : après quoi, elle alla humblement avec ses compagnes à l’élection. On se servait à cette fin de douze cierges, sur chacun desquels était écrit le nom d’un apôtre, et que l’on mêlait ensemble sur l’autel, où chaque postulante allait en choisir un au hasard. Le cierge qui portait le nom de saint Jean échut tout d’abord à Elisabeth ; mais ne se contentant pas de ce premier accomplissement de ses vœux, elle fit renouveler deux fois l’épreuve, et toujours avec le même résultat. Se voyant ainsi comme recommandée à son apôtre bien-aimé par une manifestation spéciale de la Providence, elle sentit accroître sa dévotion envers lui, et fut fidèle à ce culte pendant toute sa vie : jamais elle ne refusait ce qu’on lui demandait au nom de saint Jean, qu’il s’agit, ou de pardonner une injure, ou de conférer un bienfait.

          Placée sous ce patronage sacré, la pieuse enfant y vit un nouveau motif de se rendre digne du ciel et de redoubler par conséquent de pratique chrétienne et de privations volontaires. Elle ne négligeait jamais de sanctifier le nom du Seigneur par une grande réserve dans ses paroles. Les dimanches et les fêtes, elle laissait de côté quelque partie de ses ornements, préférant honorer Dieu par l’humilité de son esprit plutôt que par l’éclat de sa parure : en ces occasions, elle ne mettait ni gants, ni manchettes lacées comme on en portait alors, si ce n’était après la fin de la messe.