Isaïe 7, 1-17

Le signe de l’Emmanuel

Saint Irénée de Lyon

Contre les hérésies, III, 19, 3, p. 369s

 

          De même que le Seigneur était homme afin d’être éprouvé, de même il était aussi le Verbe afin d’être glorifié : d’un côté, le Verbe se tenait en repos lorsque le Seigneur était éprouvé, outragé, crucifié et mis à mort ; de même, l’autre, l’homme était absorbé lorsque le Seigneur vainquait, supportait la souffrance, montrait sa bonté, ressuscitait et était enlevé au ciel. Ainsi donc, le Fils de Dieu, notre Seigneur, tout en étant le Verbe du Père, était aussi Fils de l’homme : car de Marie, issue de créatures humaines, et créature humaine elle-même, il avait reçu une naissance humaine.

 

          C’est pourquoi aussi le Seigneur lui-même nous a donné un signe dans la profondeur et la hauteur, sans que l’homme l’eût demandé : car jamais celui-ci ne se fût attendu à ce qu’une vierge mît au monde un Fils, à ce que le fruit de cet enfantement fût Dieu-avec-nous, à ce qu’il descendit dans les profondeurs de la terre pour y chercher la brebis perdue, c’est-à-dire son propre ouvrage par lui modelé, et à ce qu’il remontât ensuite dans les hauteurs pour offrir et remettre à son Père l’homme ainsi retrouvé, effectuant en lui-même les prémices de la résurrection de l’homme. Car, comme la tête est ressuscitée des morts, ainsi le reste du corps, c’est-à-dire tout homme qui sera trouvé dans la Vie, ressuscitera à son tour, une fois révolu le temps de sa condamnation due à la désobéissance ; alors ce corps ne fera plus qu’un grâce aux articulations et aux ligaments, et il atteindra sa pleine vigueur par la croissance qui lui viendra de Dieu, chacun des membres occupants, dans le corps, la place qui lui sera propre et qui lui conviendra : car il y aura beaucoup de demeures auprès du Père, parce qu’il y aura beaucoup de membres dans le corps.