Isaïe 14, 1-21

Le retour d’exil

Saint Augustin

Discours sur le psaume 125, 3, Tome II, p. 990s

 

          Quand le Seigneur a délivré Sion de la captivité, nous avons été consolés. Nous avons été dans la joie, a voulu dire le psalmiste. Quand nous est venue cette joie ? Quand le Seigneur rappela Sion de sa captivité. Quelle Sion ? La céleste Jérusalem, l’éternelle Sion. Comment Sion est-elle éternelle, et comment Sion est-elle captive ? Elle est éternelle du côté des anges, et captive du côté des hommes. Car tous les citoyens de cette cité ne sont point captifs, mais ceux-là sont captifs qui en sont bannis. L’homme fut citoyen de Jérusalem, mais une fois vendu au péché, il en fut banni. De lui sont venus tous les hommes, et la captivité de Sion a rempli toute la terre. Mais cette captivité de Sion, comment peut-elle être figurée par Jérusalem ? Comment peut-elle être figurée dans cette Sion que Dieu donna aux Juifs, qui demeura captive à Babylone, et dont le peuple, après soixante-dix années, retourna dans son pays ? Soixante-dix années marquent le temps qui s’écoule de sept jours. Or, quand le temps sera complètement écoulé, nous retournerons dans notre patrie, comme le peuple juif, après soixante-dix ans, revint de la captivité de Babylone. Car Babylone est ce bas monde, puisque Babylone signifie confusion. L’homme ne rougit-il pas de ce qu’il a fait dans une vaine espérance, quand il reconnaît la vanité de ses œuvres ? Pourquoi son travail, et pour qui ? Pour mes enfants répond-il. Et ces enfants ? Pour nos enfants, diront-ils encore ; Et ces derniers ? Encore pour nos enfants. Nul donc ne travaille pour soi-même. C’est de cette confusion qu’étaient délivrés ceux à qui l’apôtre écrivait : Quelle gloire avez-vous retirée de ces œuvres qui maintenant vous font rougir ? Ainsi, toutes les affaires de la vie  qui ne regardent point le Seigneur, ne sont qu’une confusion. C’est dans cette confusion, dans cette Babylone que Sion est retenue captive. Mais le Seigneur délivre Sion de sa captivité.

          Et nous avons été comme ceux que l’on console, c’est-à-dire, nous avons tressailli de joie, comme ceux qui reçoive une consolation.