Matthieu 3, 1-12

« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche »

Saint Pierre Chrysologue

Sermon 167, 2-3, PdF 30, p. 34s

 

          En ces jours-là, dit l’évangile, survient Jean le Baptiste, proclamant dans le désert de Judée : Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. Convertissez-vous ! Pourquoi ne dit-il pas plutôt : réjouissez-vous ! Réjouissez-vous plutôt parce que les réalités humaines cèdent la place aux réalités divines, les terrestres aux célestes, les temporaires aux éternelles, le mal au bien, l’incertitude à la sécurité, le chagrin au bonheur, les réalités périssables à celles qui demeurent toujours.

          Le Royaume des cieux est tout proche. Convertissez-vous. Que ta conduite de converti soit évidente. Toi qui as préféré l’humain au divin, toi qui as voulu être esclave du monde plutôt que dominateur du monde : avec le Seigneur du monde, convertis-toi. Toi qui as mieux aimé te perdre avec le diable plutôt que de régner avec le Christ, convertis-toi. Toi qui as fui la liberté que t’auraient procurée les vertus, parce que tu as voulu subir le joug des vices, convertis-toi. Et convertis-toi bien, toi qui, par peur de posséder la Vie, t’es livré à la mort.

          Le Royaume des cieux est tout proche. Le Royaume des cieux est la récompense des justes, le jugement des pécheurs, le châtiment pour les impies. Bienheureux Jean, toi qui as voulu que la conversion précède le jugement, que les pécheurs ne soient pas jugés mais récompensés, toi qui as voulu que les impies entrent dans le Royaume et non sous le châtiment.

          Le Royaume des cieux est tout proche. Quand Jean a-t-il chanté la proximité du Royaume des cieux ? Le monde était encore en son enfance ; tout en lui s’efforçait de grandir ! Mais pour nous qui, aujourd’hui, proclamons sa proximité imminente, le monde est extrêmement vieux et fatigué. Il a perdu ses forces. Il laisse tomber ses membres à terre, il perd ses facultés. Les souffrances l’accablent. Le travail, il le repousse avec mépris. Il meurt à la vie. Sa vie n’est que maladies. Il crie sa défaillance. Il porte tous les symptômes de sa fin !