Isaïe 35, 1-10

Gloire de Jérusalem

Père Paul Auvray

Isaïe 1-39, p. 299s

 

          Le chapitre 35 est d’un ton différent du chapitre 34, mais il fait allusion aux mêmes événements. La destruction d’Edom est racontée, vue cette foi de Jérusalem, et donc considérée comme un acte de justice ou de rétribution.    On part, ici encore, d’une description du désert, de la terre aride et de la steppe qui vont devenir verdoyants. Il s’agit donc du désert de Juda, et en général des coins désolés de la Palestine. Les expressions de floraison, de joie, de splendeur, sont des symboles de la gloire de Dieu que tous vont contempler.

          Puis la même idée s’exprime en réalités plus humaines : il faut retrouver courage et vigueur, chasser toute crainte, car voici la venue de Dieu, la vengeance, la rétribution, avec pour terminer un mot nouveau qui souligne le point de vue de l’auteur : l’idée de salut : Dieu vient et vous sauvera. Ce qui était pour Edom une totale destruction, est salut pour Jérusalem.

          Puis vient une description des miracles nombreux qui accompagnent cette venue : les images se pressent, les aveugles voient, les sourds entendent, le boiteux saute, le muet parle. Enfin le grand miracle de la nature : l’eau dans le désert. En conséquence de quoi la terre est irriguée, donc fertile. Là où seul pouvait vivre le chacal, il y aura un bercail ; l’herbe desséchée laisse la place au roseau et au papyrus. Et en conséquence, à travers cette campagne riante, un chemin, non pas un chemin ordinaire mais une voie sacrée ; interdite aux impurs et aux insensés, une telle voie est parfaitement sûre puisqu’on n’y rencontrera pas d’animaux sauvages. Seuls y auront accès les rachetés. Cela sert de transition pour la description du retour triomphal à Jérusalem.

          Le sens très général de ce mot, les rachetés, peut faire songer à n’importe quelle libération, qui est à entendre : libérés par Dieu. Mais rien n’indique s’il s’agit du retour des exilés de Babylone ou d’un autre rassemblement. Simplement, ils viennent à Sion dans l’allégresse et la jubilation. Ce retour joyeux forme contraste avec Edom, détruit et éternellement habité par les bêtes. Il faut rapprocher ce verset 10 des allusions analogues de l’Apocalypse d’Isaïe, au chapitre 24, où des prisonniers sont rassemblés et libérés pour le règne de Dieu à Sion, où sont moissonnés les enfants d’Israël qui viendront d’Egypte aussi bien que d’Assour pour adorer Dieu sur sa montagne sainte.