Isaïe 11, 10-16

Le rejeton de la souche de Jessé

Père Dominique Janthial

Le livre d’Isaïe ou la fidélité de Dieu à la maison de David, CE 142, p. 21s

 

          Après la phase de purification opérée par Dieu, le lecteur s’attend à voir se déployer maintenant le résultat positif de cette action divine. L’humiliation radicale comparée à la mise à bas d’une forêt altière (10,4) a, comme résultat, l’apparition d’une souche : Un rejeton sortira de la souche de Jessé. La maison de David, qui, au temps d’Akhaz, était agitée comme les arbres le sont par le vent (7,2), a donc était rasée jusqu’aux fondations et la mention de Jessé en rappelle les humbles origines.

          Les griefs énumérés contre les chefs depuis le début du livre sont ici pris à rebours pour décrire ce rejeton de Jessé comme celui qui accomplit les promesses formulées d’un gouvernement universel fondé sur la justice : Je ferai redevenir tes juges comme autrefois, ensuite on t’appellera Cité Justice, Ville Fidèle. L’esprit de connaissance est sur lui, selon ce qui était dit de l’Emmanuel, et l’on retrouve également en lui des traits de l’enfant royal : Il établira et affermira sa royauté sur le droit et sur la justice.

          Mais il y a plus surprenant, car la paix universelle annoncée sous son règne (Le loup habitera avec l’agneau…), et surtout le fait que la racine de Jessé sera érigée en étendard des peuples, et que les nations le chercheront lui dessinent un rôle réservé jusque-là à Dieu : n’est-ce pas Dieu qui sera juge entre les nations, l’arbitre des peuples nombreux (2,4) ? N’est pas lui que le peuple doit chercher (9,12) ?

          Alors les rôles de la racine de Jessé vis-à-vis des peuples et celui du Seigneur pour son peuple se correspondent.

          Il apparaît à ce stade que Dieu ne rejette pas la médiation royale pourvu que celle-ci s’exerce dans la recherche de sa volonté, ce qui rend possible son Esprit qui repose sur le rejeton de Jessé. Tandis que les péchés des rois contaminaient la terre, désormais la terre sera remplie de la connaissance de Dieu comme la mer que comblent les eaux. Contrairement à ce qui se passait lorsque, entre Dieu et le peuple, la maison de David faisait écran, on parle à nouveau du peuple de Dieu. Enfin la perspective maintes fois évoquée de retour d’un reste est présentée comme un nouvel exode. A la suite de ce nouvel exode, comme lorsque les fils d’Israël eurent traversé la Mer des Joncs, un cantique retentit : Chantez le Seigneur, car il a fait des prodiges !