Romains 11, 25-36

« Dieu ne repoussera point son peuple »

Saint Augustin

Discours sur le psaume 94, 7, tome II, p. 279s

 

          Dieu ne repoussera point son peuple : louange à Lui, jubilation à Lui. Quel peuple ne repoussera-t-il point ? Il ne nous est point permis de donner un sens par nous-mêmes : saint Paul a éclairci ce passage, et nous apprend pourquoi cette parole. Il y avait jadis un peuple juif, peuple des Prophètes, peuple des Patriarches, peuple issu d’Abraham selon la chair, peuple qui figura toutes les promesses du Sauveur, peuple où Dieu avait un Temple, l’onction, le sacerdoce figuratif, afin qu’à la disparition des figures, arrivât la véritable lumière : c’était donc là le peuple de Dieu. C’est à ce peuple que furent envoyés les Prophètes, et au milieu de ce peuple que sont nés ceux qui furent envoyés. C’est à lui que furent livrées et confiées les paroles de Dieu. Quoi donc ? Tout ce peuple est-il condamné ? Loin de là. Saint Paul le compare à l’olivier dont la tige a commencé à pousser par les Patriarches, mais dont plusieurs branches se sont desséchées parce qu’elles se sont élevées trop haut par l’orgueil ; ils ont donc été retranchés à cause de leur stérilité. Pour détourner de l’orgueil l’olivier sauvage greffé sur l’olivier franc, que dit Paul ? Si tu as été retranché de l’olivier sauvage, ta tige naturelle, et inséré contre nature sur l’olivier franc, à combien plus forte raison les branches de l’olivier même seront-elles greffées sur leur propre tronc. De même qu’en repoussant l’infidélité, tu as mérité d’être inséré sur l’olivier franc, quand tu étais l’olivier sauvage, ainsi les branches corrigées seront-elles plus facilement greffées sur l’olivier franc, leur tige naturelle : telle est la parole de l’apôtre à leur sujet.

          Tel est donc l’arbre, et si quelques rameaux en sont retranchés, tous ne le sont point. Si tous les rameaux en étaient retranchés, d’où viendraient Pierre et Jean, et Thomas, et Matthieu, et André, et tous les apôtres ? D’où viendrait l’apôtre Paul qui nous parle, et que par le fruit qu’il portait rendait témoignage à l’olivier ? Tous n’ont-ils point là leur tige ? D’où viennent ces cinq cents frères auxquels le Seigneur apparut après sa Résurrection ? Et ces autres par milliers qui se convertirent à la voix de Pierre, alors que les apôtres remplis de l’Esprit-Saint parlaient toutes les langues ? Tous furent prompts à bénir le Seigneur alors que, de leurs mains, ils avaient crucifié le Christ. Plus était grande la blessure de leur cœur, plus avidement ils cherchaient le Seigneur. Si donc de là sortirent tous ces hommes, c’est d’eux que le psalmiste a dit que Dieu ne repoussera point son peuple.