Romains 6, 1-11

« Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort »

Franz-J. Leenhardt

L’épître de saint Paul aux Romains, p. 90s

 

Le croyant demande le baptême dans les mêmes sentiments qu’avait l’Israélite lorsqu’il amenait autrefois la victime à l’autel. Paul peut écrire : Un seul est mort pour tous, donc tous sont morts (2 Corinthiens 5,15). On doit donner tout son poids à ce donc. Dans le fait que Christ est mort parce que Dieu a consenti à l’offrir comme sacrifice, au sens traditionnel et authentique de ce terme, le croyant voit le fondement objectif de sa propre mort. Dieu a voulu que cette mort fût sa propre mort ; quand je regarde la croix, j’y vois la victime qui me représente ; objectivement, sa mort comprend la mienne, sa mort c’est la mienne, c’est de ma mort qu’il meurt. Dans l’intention de Dieu à mon égard, je suis mort.

Il est indispensable de garder présente à l’esprit cette théologie du sacrifice en général, du sacrifice de la croix en particulier, pour comprendre les formules de ce chapitre de Paul sur le baptême, car elles sous-entendent plus de choses qu’elles n’en disent. Lorsqu’il parle du baptême, l’apôtre évoque ce rite d’union qui rend le peuple solidaire de son chef et entraîne le croyant dans la destinée sacrificielle du Christ. Demander le baptême, c’est reconnaître que, Christ étant mort pour tous, tous sont donc morts. Le croyant demande le baptême dans les mêmes sentiments qu’avaient l’Israélite lorsqu’il amenait autrefois la victime à l’autel. Mais maintenant la victime n’est pas offerte par le croyant, mais par Dieu qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous (Romains 8,32). Le croyant n’est plus dans le cas de s’associer par lui-même à la victime, puisqu’il ne l’offre point. Il faut que Dieu l’associe par une décision et un acte singulier. Le croyant n’est plus ici le sujet, mais l’objet de ce geste d’association. On ne baptise pas, en effet : on est baptisé. Le baptême est l’acte par lequel Dieu associe le croyant à la victime qu’il a offerte. Le rite baptismal rend cette grâce actuelle, réelle pour ceux qui s’y soumettent. Par lui, Dieu accomplit ce que la mort du Christ annonçait et promettait.