Romains 11, 13-24

Dieu n’a pas rejeté Israël

Saint Thomas d’Aquin

Commentaire de l’épître aux Romains, p. 397s

 

          Dans la première partie de sa lettre aux Romains, Paul s’adresse à tous les fidèles de Rome, qu’ils soient issus des nations ou des Juifs. Maintenant sa parole s’adresse spécialement aux nations convertis. Je vous le dis à vous les païens. Cela, je le dis à vous dans la mesure où je suis, moi, l’apôtre des nations dont le soin m’incombe spécialement en raison du ministère qui m’a été donné. C’est en effet à Jérusalem que ce ministère lui fut confié : Ils nous donnèrent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions, nous, aux nations païennes, eux à la circoncision. En étendant sa sollicitude au salut de tous, la préoccupation quotidienne de Paul fut le soin de toutes les Eglises.

          C’est ce que lui fait ajouter : Ainsi il se peut que, de quelque manière, j’incite à la jalousie ceux de ma chair, donc les Juifs, ceux de ma parenté selon la chair. Isaïe n’a-t-il pas dit : Ne méprise pas ta chair ? Ne cherchant pas ce qui lui est utile, Paul s’adresse à tous afin qu’ils soient sauvés.

          La charge de son ministère ne se limitait en principe qu’aux nations, il ne se devait donc pas de s’occuper de l’apostolat des Juifs, confié à Pierre, Jacques et Jean, comme il est dit dans la lettre aux Galates. Il faut donc dire que la prédication des nations lui était tellement confiée qu’il y était tenu par nécessité, comme il le dit lui-même : Malheur à moi si je n’évangélise pas, car la nécessité m’incombe. Cependant il ne lui était pas interdit de prêcher aux Juifs bien qu’il n’y fût pas tenu. Dans ce sens, en s’appliquant à travailler à leur salut, il honorait son ministère, ministère qu’il n’aurait point entrepris s’il avait regardé leur chute comme irréparable. Le zèle apostolique qu’il déployait en vue de la conversion des Juifs, indique comme une preuve que la chute des Juifs est réparable.

          Lorsqu’il dit : si leur mise à l’écart a été la réconciliation du monde, Paul assigne la raison de son intention, à savoir qu’il voyait que la conversion des Juifs entraînait le salut des nations, car après la conversion des Juifs, la résurrection générale aura lieu, et, par elle, les hommes, de morts qu’ils étaient, reviendront à la vie immortelle.