Romains 7, 1-13

Dans la nouveauté de l’Esprit

Origène

Commentaire sur l’épître aux Romains, SC 542, Livre VI, 18-19, p. 155s

 

Et Paul ajoute pour conclure : Afin que nous servions dans la nouveauté de l’Esprit et non dans la vétusté de la lettre, – ce qui, sans aucun doute, semble dit de la Loi de la lettre – pourra être logiquement compris de cette façon. Etant dans la chair et vivant selon la chair, en raison des vices des péchés que nourrissait cette Loi qui était dans nos membres pour qu’ils portent des fruits de mort, nous ne pouvions servir la nouveauté de l’Esprit, tant que cette Loi des membres vivait en nous, ou plutôt tant que nous vivions selon cette Loi. Mais quand le Christ est mort pour nous et que nous sommes morts au péché avec lui, et avons été libérés par lui de la Loi du péché qui nous tenait captifs, nous pouvons désormais servir la loi de Dieu, mais la servir dans la nouveauté de l’Esprit et non dans la vétusté de la lettre.

 

Car le Christ ne nous a pas soustraits à la Loi du péché pour que nous servions la vétusté de la lettre, c’est-à-dire pour que nous revenions à la circoncision, aux sabbats et aux autres observances que renferme la vétusté de la lettre de la Loi. Mais il nous y a soustraits pour que nous servions la Loi de Dieu dans la nouveauté de l’Esprit, c’est-à-dire pour que nous comprenions dans un sens spirituel, par un don de l’Esprit, tout ce qui y est écrit, comme le même apôtre le dit ailleurs : Un voile est placé sur le visage de Moïse ; mais lorsqu’on s’est tourné vers le Seigneur, le voile est ôté. Car le Seigneur est Esprit. Or là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. 

 

Je sais bien que certains, comprenant mal la nouveauté de l’Esprit, ont tiré de ce texte de quoi dire que l’Esprit est nouveau, comme s’il n’avait pas existé auparavant et n’avait pas été connu des anciens ; et ils ne savent pas qu’en cela ils blasphèment gravement. Car l’Esprit lui-même est dans la Loi, il est lui-même dans les Evangiles, il est lui-même toujours avec le Père et le Fils, et toujours il est, il était et il sera, comme le Père et le Fils. Ce n’est donc pas lui-même qui est nouveau, mais il rend nouveau les croyants, lorsqu’il les conduit de leurs anciens vices à une vie nouvelle et à une nouvelle observance 

de la religion du Christ, et de charnels les rends spirituels.