Exode 13, 1-16

Siméon, l’espérance en personne

Père Claude Flipo

Hommes et femmes du Nouveau Testament,  p. 33s

 

          Siméon, qui avait sa vie durant médité la Promesse dans un cœur fervent, était monté sur les épaules des prophètes. Aussi était-il nettement en avance sur les autres pour comprendre les choses de l’invisible. Il voyait plus loin, plus profond. Aussi quand ses parents apportèrent Jésus au temple pour le présenter au Seigneur, Siméon reçut l’enfant dans ses bras et bénit Dieu. Avec une immense tendresse, il reçoit dans ses bras l’Agneau de Dieu, l’enfant de la Promesse et accueille avec émotion la Gloire d’Israël et la Lumière des nations. Déjà il voit en lui l’Agneau immolé celui qui, livré aux mains des hommes, révèlera par son innocence les pensées intimes de bien des cœurs. Et toi-même, dit-il à Marie sa mère, une épée te transpercera l’âme. Tel sera le fils, telle sera la mère, la joie dans la douleur, l’allégresse en butte à la contradiction.

          Telle est aussi le propre de l’espérance chrétienne, une espérance éprouvée, la petite fille espérance plus têtue, plus forte que la mort même, dont Péguy disait qu’elle étonnait Dieu lui-même. Il peut nous sembler qu’aujourd’hui l’espérance est bien fragile, diluée dans une sorte d’indifférence généralisée. Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? Le monde qui nous entoure, grisé par un mouvement qui va toujours plus vite, semble ne plus rien attendre que le fruit décevant de sa propre agitation. Vers quel but courons-nous, sans boussole ?

          C’est pourquoi la figure de Siméon nous est précieuse. Elle nous rappelle que nous allons vers la Promesse, vers la Rencontre bienheureuse de Celui qui est à l’origine et au terme de l’histoire. Et elle dit notre mission dans le monde, qui est de veiller. Heureux celui que le maître en arrivant trouvera en train de veiller. Toute la vocation de Siméon, toute sa raison d’être fut de tenir haut l’espérance, de voir plus loin, plus profond. N’est-ce pas le propre de l’Eglise et sa raison d’être, de tenir haut dressée l’espérance dans un monde sans horizon, dont la vue s’arrête à l’apparence des choses ?