Hébreux 2, 5-18

« Il fallait qu’au bénéfice de tout homme, Jésus goûta la mort »

Père Albert Vanhoye

Destinée des hommes et chemin du Christ, AS 58, p. 36

         

          Le Seigneur Jésus, le Christ, n’est pas mort pour lui-même, mais pour l’homme. Sa mort aboutit à un résultat qui vaut pour le salut de tous. En quelques mots, l’auteur exprime une doctrine très profonde, dont la logique rigoureuse ne se laisse bien saisir que lorsqu’on donne tout leur poids aux réalités fondamentales de l’existence humaine ; la vie, la mort, et la communion entre les personnes.

          Jésus a trouvé une manière d’affronter la mort qui a constitué une victoire sur la mort. Tel est le fait capital, qui assure un aboutissement positif à la destinée humaine. Notons qu’il ne s’agit pas d’évasion. Jésus n’a pas échappé à la mort ; il n’a pas utilisé sa puissance de Fils de Dieu pour se soustraire miraculeusement au supplice. S’il l’avait fait, on peut imaginer, si l’on veut, que cela aurait constitué pour lui un succès personnel ; mais une chose est certaine : cela n’aurait rien apporté aux autres hommes. Leur existence n’aurait pas été transformée. La mort, pour eux, aurait continué à être une sinistre impasse, marquant la nullité de tous leurs efforts.

          En fait, Jésus a subi la mort, mais de telle façon qu’il en a fait le chemin d’une vie nouvelle triomphale. A cause de sa passion et de sa mort, il est couronné de gloire et de splendeur. En lui, la vocation de l’homme se voit assurée de son accomplissement, car l’homme ressuscité, et lui seul, peut obtenir de manière durable la vraie maîtrise du monde, qui est d’ordre spirituel. La mort est désormais impuissante à le priver de son domaine.

          Notre auteur note en terminant sa phrase que tout cela s’est réalisé par grâce de Dieu. Selon le psaume, en effet, c’est Dieu qui abaisse l’homme, et c’est Dieu qui le couronne. Les chrétiens savent, d’autre part, que, dans tous ses aspects, le mystère du Christ est un don de Dieu, qui manifeste l’amour du Père.