Hébreux 3, 1-19

« Aujourd’hui, n’endurcissez pas vos cœurs »

Saint Augustin

Sermon sur le psaume 94, tome II, p. 284s

         

          Aujourd’hui si vous entendez ma voix. Ô mon peuple, ô peuple de Dieu. C’est Dieu qui s’adresse à son peuple, non seulement à ce peuple qu’il ne repoussera point, mais aussi à son peuple dans son intégrité. Car il parle de la pierre d’angle qui unit les deux murailles. La prophétie s’adresse par le Christ aux deux peuples, le Juif et le païen. Vous avez entendu la voix de Dieu par l’intermédiaire de Moïse, et pourtant vous avez endurci vos cœurs. Aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur : c’est Dieu lui-même qui vous parle, que vos cœurs s’attendrissent. Jadis, il envoyait des hérauts, aujourd’hui il daigne venir lui-même, il vous parle de sa bouche sacrée, lui qui parlait par la bouche des Prophètes.

          N’endurcissez pas vos cœurs, comme le firent vos pères. Vous le savez, ce peuple murmura contre Dieu, il tenta Dieu : il en fut châtié, conduit au désert au moyen du frein des lois, du frein des préceptes. Pourtant,  Dieu n’abandonna pas ce peuple indomptable, et ne cessa pas de l’attirer par des bienfaits, de le corriger. Pourtant ces hommes étaient vos pères, vous êtes issus d’eux, gardez-vous de les imiter.

          Comme le dit Jérémie (16,19), les nations viendront vers vous des extrémités de la terre, en disant : nos pères n’ont adoré que le mensonge et des idoles qui ne servent à rien ; si les nations ont quitté leurs idoles pour venir au Dieu d’Israël, ceux que le Dieu d’Israël a tirés de l’Egypte en les faisant passer par la mer Rouge dont les flots engloutissaient leurs ennemis, ceux qu’il a nourris de la manne, sans détourner d’eux la verge de la discipline et les bienfaits de sa miséricorde, ceux-là doivent-ils quitter leur Dieu quand les nations viendront l’adorer ? Vos pères m’ont tenté ; ils ont éprouvés, ils ont vu mes œuvres. Oui, pendant quarante ans ils ont irrité ma colère ; sous leurs yeux, je faisais des miracles par la main de Moïse, et leurs cœurs n’en allaient que plus à l’endurcissement. Alors d’autres ne doivent-ils pas prendre leur place et entrer dans le repos de Dieu ?