1 Corinthiens 15, 1-19

Désir brûlant de voir le Christ et sa Mère au ciel

Ogier de Locedio

La Vierge Marie, Homélies des Pères cisterciens, Pain de Cîteaux 5, p. 159s

 

          Oh ! Si mon Seigneur, son Fils, et plût à Dieu qu’il fût le mien, me donnait par elle de mériter d’entrer jusqu’à lui, de voir le Roi même dans sa beauté, et avec toux ceux qui ont hérité de lui, de pouvoir me réjouir, de prendre part à la joie de ses familiers ! De la voir, elle aussi, sa Mère, la Reine du monde et de l’Eglise, la seconde joie du paradis, parée de ses atours, ruisselante de pierres précieuses !

          Oh ! Si je méritais de la voir, elle la Reine du monde et de l’Eglise, dans son allégresse, dans la beauté de son visage ! Oh ! S’il pouvait être rassasié, le désir que j’ai d’elle, être rassasié par elle ! Ô gloire du monde, ma gloire et celle de l’Eglise, ma souveraine, mère de gloire, mère de joie éternelle, penses-tu qu’un jour je serai enfin rassasié de ta présence ? Penses-tu que je te verrai, que je te verrai toi qui, avec ton Fils, est tout mon amour, toi que présentement je ne peux voir ? Et si un jour cela doit arriver, pourquoi pas tout de suite ? Oh ! Que va faire le pauvre misérable que je suis ? Ma Dame, ma Mère ne se montre pas, et moi, où irai-je ? Où me dirigerai-je ? Où irai-je te chercher ? Quand te trouverai-je ? J’irai vers toi, je te chercherai, et peut-être pourrai-je te trouver un jour ?

          Tu m’as cherché tu es venue jusqu’à moi, toi ma Mère et la Mère de l’Eglise, mais en quel état m’as-tu trouvé ? Tu le sais bien, et moi aussi je le sais, et ce n’est un motif de grande confusion, tu peux en rendre témoignage. Alors je t’en conjure, au nom de Celui que tu as mis au monde, de ne pas me quitter, de ne pas m’abandonner. Encore que j’aie péché, je n’ai cependant pas renié ton Fils ; et bien que je ne t’aie pas aimée comme je le devais, maintenant, si, je t’aime, j’aspire après toi de toutes mes entrailles ! Je te bénis, je te loue, je me prosterne devant toi, je te rends grâces parce que tu es venue me chercher, moi qui étais errant. Tu m’as trouvé, moi qui étais enfoui dans les ronces, tu as rendu vigueur au languissant que je suis, tu as guéri le malade, tu as rappelé l’égaré que j’étais, tu m’as rendu la force, moi qui étais désespéré, et, par toi, j’ai été réconcilié à mon Dieu, à mon Christ, à ton Fils.