Jean 3, 16-18

Présence des trois Personnes divines en nous

Père Paul Galtier

L’habitation en nous des trois personnes, p. 241s

 

          Recevoir la grâce, c’est bien recevoir la Trinité tout entière. Dans les relations des Personnes divines avec leurs créatures, on ne saurait concevoir ni partage, ni spécialisation d’aucune sorte. L’amour unique qu’elles nous portent leur fait accomplir ensemble l’œuvre de notre régénération. Toutes alors concourent à graver en notre âme leur image propre, et, tout en nous rendant participants de leur nature, nous rendent capables de participer à leur activité. Devenus ainsi semblables à chacune d’entre elles, nous les possédons toutes également. Toutes, en effet, nous justifient en se donnant à nous ; et le don qu’elles nous font d’elles-mêmes, nous met en état de jouir tous les jours davantage et éternellement, si nous le voulons, du bonheur de les connaître et de les aimer comme elles-mêmes se connaissent et s’aiment de toute éternité.

          Dès cette vie, par conséquent, elles nous introduisent, d’une certaine manière, dans leur propre béatitude. Encore qu’il ne nous appartienne qu’en espérance de les voir et de les contempler face à face, du bonheur cependant et de la gloire que nous y trouverons, nous avons plus qu’une promesse ou une garantie. Nous en détenons une arrhe réelle. Les trois Personnes sont déjà là ; elles sont en nous ; elles sont à nous. Elles-mêmes nous ont déjà ouvert le sanctuaire de leur intimité personnelle. Nous avons de quoi y pénétrer : il y a déjà du divin dans nos facultés de connaître et d’aimer. C’est là comme l’empreinte laissée, ou plutôt entretenue, dans nos âmes, par l’application qui nous est faite de la face divine : nous en restons marqués à la triple effigie du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi en possédons-nous à la fois l’image et la réalité : dans l’image qu’elle grave en nous, elles demeurent toutes substantiellement présentes et constamment agissantes.

          Le but, en effet, de leur venue en nous est de nous conduire et de nous acheminer à cette fin dernière, où se consommera notre ressemblance avec elles et où s’accomplira notre entrée définitive dans leur propre béatitude.