Sur Actes des Apôtres 12,1-23
Arrestation et délivrance de Pierre

Charles L’Eplattenier
Les Actes des Apôtres, p. 152s

Ce récit de l’arrestation et de la délivrance de Pierre est autre chose qu’un simple doublet de l’arrestation et de la délivrance des Apôtres au chapitre 5 des Actes. On trouve ici des traits originaux qui paraissent relever d’une intention délibérée du narrateur : établir discrètement une sorte de parallèle avec le destin de Jésus. Certes, les choses sont ici moins appuyées que dans le récit du martyr d’Etienne ; cependant, Pierre vit quelque chose comme une passion et une résurrection.
Il y a un rapprochement d’ordre chronologique : c’étaient les jours des pains sans levain ; Hérode se proposer de citer Jésus devant le peuple après la fête de la Pâque. Pierre, comme Jésus, est gardé par des soldats. Au sein de ce drame, l’Eglise prie avec ardeur pour Pierre : ce même adverbe, avec ardeur, d’emploi rare, qualifiait la prière de Jésus à Gethsémani. Les portes verrouillées, les chaînes, la nuit, le sommeil de Pierre rappellent symboliquement la puissance des ténèbres, le sommeil du tombeau. Dès lors, la venue de l’ange, le local inondé de lumière, l’emploi des deux verbes réveiller (égeirô) et se lever (anisthèmi) apparaissent comme des signes de résurrection. Plus loin, Rhodè, une jeune servante, reconnaît la voix de Pierre : Du fait de sa joie, elle n’ouvrit pas ! Quand elle annonce aux autres que Pierre est là, Ils lui dirent, tu es folle ! Outre l’humour un peu mordant, soulignant l’incrédulité d’un groupe qui n’arrive pas à croire à l’exaucement de sa prière, cela rappelle le récit de Luc (24,11), où les apôtres ont pris le témoignage des femmes pour du délire ! Et quand les fidèles, réunis pour prier dans la maison de Marie, mère de Jean-Marc, voient Pierre de leurs yeux, ils en sont hors d’eux-mêmes : ce dernier leur donne la consigne de répandre la nouvelle, puis disparaît : Annoncez ces choses à Jacques et aux frères. Puis il sortit et fit route vers un autre lieu. Il y a ici quelque chose d’étrange dans le départ inexpliqué de Pierre pour une destination non précisée. En finale d’un récit qui a accumulé les traits évocateurs de la Passion et de la Résurrection de Jésus, on ne peut manquer de faire un dernier rapprochement : en Luc (24,51), après avoir ordonné aux apôtres d’annoncer la Bonne Nouvelle, Jésus les quitte lui aussi brusquement pour un autre lieu.
En ce récit, se trouve vérifiée la parole de Jésus en Luc (6,40), Le disciple n’est pas au-dessus de son Maître, tout disciple accompli sera comme son Maître.