Sur Jean 14, 23-29
Nous ferons chez lui notre demeure

Saint Macaire
Les Homélies spirituelles, p. 356s

Ô compassion ineffable de Dieu, qui se donne gratuitement lui-même à ceux qui croient que Dieu, après un peu de temps, habitera dans le corps de l’homme et que le Seigneur aura dans l’homme une demeure splendide ! De même que Dieu a créé le ciel et la terre pour que l’homme y habite, ainsi a-t-il créé le corps et l’âme de l’homme pour qu’ils soient sa propre demeure, pour qu’il habite et repose dans le corps, comme dans sa propre maison, ayant pour épouse pleine de beauté l’âme bien-aimée, faite à son image : Je vous ai fiancés à un unique Epoux, dit l’apôtre, pour vous présenter au Christ comme une vierge pure ; et encore : Nous sommes sa demeure.
Ni les sages dans toute leur sagesse, ni les prudents avec toute leur prudence, n’ont pu comprendre la subtilité de l’âme, ni dire ce qu’elle est ; seuls ont pu le faire ceux à qui la compréhension en a été révélée par l’Esprit-Saint, et à qui l’exacte connaissance de l’âme a été donnée. Mais considère maintenant, discerne et comprends ce qu’il en est. Ecoute : Lui est Dieu, elle n’est pas Dieu ; Lui est Seigneur, elle la servante ; Lui est le Créateur, elle la créature ; Lui est l’artisan, elle l’ouvrage. Il n’y a rien de commun entre sa nature et la sienne. Mais dans son amour et sa compassion infinis, ineffables et compréhensibles, il lui a plus d’habiter dans cet ouvrage et dans cette créature raisonnable, précieuse et de choix, afin, comme le dit l’Ecriture, que nous soyons comme les prémices de ses créatures, pour que nous soyons sa sagesse et sa communion, sa propre demeure, sa propre épouse précieuse et pure.
Alors que de tels biens nous sont proposés, que de telles promesses nous sont faites, que tant de bienveillance nous a été témoignée par le Seigneur, ne soyons pas négligents, ne tardons pas à nous élancer vers la vie éternelle et à nous livrer complètement au bon plaisir du Seigneur. Supplions donc le Seigneur pour que, dans sa divine puissance, il nous délivre de la prison ténébreuse des passions d’ignominie, et pour qu’il prenne la défense de sa propre image et de son œuvre, qu’il la rende resplendissante et fasse devenir l’âme sainte et pure, et qu’ainsi nous soyons jugés dignes de la communion de l’Esprit, glorifiant le Père, et le Fils, et l’Esprit-Saint, dans les siècles. Amen.