Mardi de la 2° semaine du temps pascal

Sur Actes des apôtres 5, 17-42
Les apôtres devant le Sanhédrin
Père Philipe Bossuyt
L’Esprit en Actes, p. 31s

Lorsque les gardes se présentent pour emmener les prisonniers au tribunal, coup de théâtre ! Le cachot est vide. On peut faire le rapprochement avec le tombeau vide. On peut bien mettre la main sur la Parole de la grâce, l’enfermer, même la tuer. Rien ne peut entraver l’œuvre de Dieu : traversant ces obstacles, Dieu a glorifié son Serviteur Jésus et a fait de son sang, le sang du Juste, un sang d’Alliance. Comment l’homme pourrait-il empêcher Dieu d’être bon ? Peut-il empêcher ce Père d’aimer chacun de ses enfants, de leur faire miséricorde, de rendre la vie à tous par sa Parole de grâce ? Personne n’est capable d’arrêter cette Parole de vie : elle est désormais aussi insaisissable que le Ressuscité lui-même.
Au tribunal, le grand prêtre rappelle aux apôtres l’interdiction formelle qui leur avait été faite d’enseigner en ce nom-là (le mot Jésus n’est même plus prononcé !). Et voilà qu’ils ont continué à enseigner en ce nom, propageant cette nouvelle lecture de la Loi, par leurs paroles et par leurs gestes de puissance.
Mais un nouveau grief vient s’ajouter au premier : Vous voulez amener sur nous le sang de cet homme. Ce qui signifie : Vous prétendez nous faire porter l’entière responsabilité de la mort de votre maître, afin de nous disqualifier aux yeux du peuple.
L’allusion au sang est capitale et renvoie au dialogue entre Pilate et la foule, lors du marchandage concernant Jésus. Le gouverneur dit à la foule qui avait choisi Barabbas : Je ne suis pas responsable de ce sang ; à vous de voir ! Et la foule lui répond : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! Le lecteur juif de l’Evangile perçoit clairement l’allusion faite au rite de l’aspersion par le sang, tout en rappelant la parole de Moïse au pied du mont Sinaï : Ceci est le sang de l’Alliance que le Seigneur a conclue avec vous (Exode 24,8).
Amener le sang de Jésus sur quelqu’un peut s’entendre de deux manières. La première, celle que retient le grand prêtre devant, c’est de faire porter à quelqu’un la responsabilité de la mort de Jésus ; l’expression est alors entendue comme une accusation insupportable, car elle revient à imputer à quelqu’un le meurtre, ou pire, l’assassinat de Jésus. Mais il y a une autre manière d’entendre cette expression. Amener sur quelqu’un le sang de Jésus, peut également signifier amener sur lui le sang de l’Alliance, lui offrir d’entrer dans l’alliance messianique. Entendre ce second sens présuppose la foi en Jésus Christ Messie dont le sang est tenu pour le sang de l’Alliance nouvelle. Cette foi, le grand prêtre ne la partage pas, il ne retient que l’accusation portée contre lui. Mais d’autres membres de l’assemblée commencent à se poser des questions.