Sur Actes des Apôtres 19, 1-20
Baptême de Jean, baptême du Christ
Saint Augustin
Sept livres du baptême, contre les Donatistes, OC 28, p. 254s

Nous venons d’entendre un passage dans les Actes des Apôtres où il nous est dit que saint Paul a baptisé ceux qui avaient auparavant reçu le baptême de saint Jean le Baptiste. Il n’y a point d’autre raison à cela que parce que le baptême de Jean n’est pas le baptême du Christ, mais a été accordé à Jean par le Christ, pour être appelé proprement le baptême de Jean, comme ce dernier, Jean le Baptiste, le dit lui-même : Un homme ne peut rien s’attribuer au-delà de ce qui lui est donné du ciel. De peur de paraître le recevoir de Dieu le Père de manière qu’il ne le reçut pas en même temps du Fils, il dit, à peu près dans les mêmes termes, en parlant du Christ : Nous avons tous reçu de sa plénitude.
Il est certain que saint Jean a reçu son baptême comme un ministère qui ne devait durer que le temps nécessaire à préparer les sentiers du Seigneur dont il devait être le précurseur. Sur le point d’entrer dans sa voie et d’y conduire jusqu’au terme ceux qui devaient le suivre avec humilité, le Christ a voulu recevoir le baptême de son serviteur, de même qu’il a voulu lui-même laver les pieds à ses disciples. En effet, comme il s’est mis aux pieds de ceux qu’il dirigeait, ainsi a-t-il voulu se soumettre au ministère dont il avait chargé saint Jean pour faire comprendre à tout le monde quel orgueil sacrilège il y aurait à dédaigner le baptême que nous devons recevoir du Seigneur quand le Seigneur lui-même reçoit celui qu’il avait chargé son serviteur d’administrer en son propre nom. Tandis que Jean, qui n’a point d’égal parmi ceux qui sont nés de la femme, rend au Christ le témoignage éclatant qu’il se tenait pour indigne de dénouer les cordons de ses souliers, le Christ se montre le plus humble des hommes en recevant son baptême, et Dieu Très-Haut en substituant au baptême de Jean un autre baptême, et se fait en même temps maître d’humilité et donateur de grandeur.
Le baptême par lequel Notre Seigneur Jésus-Christ purifie son Eglise, est tel qu’après l’avoir reçu, on ne doit point en chercher un autre, tandis que après celui dont Jean Baptiste faisait couler les eaux sur la tête des hommes, il fallait encore recevoir le baptême du Seigneur, non comme une réitération du premier, mais pour que ceux qui avaient reçu le baptême de saint Jean reçussent également celui du Christ à qui saint Jean a préparé la voie. Si le Christ n’avait pas voulu nous offrir son humilité en exemple, le baptême de Jean n’eût pas été nécessaire.