Sur Actes des Apôtres 12,24 – 13, 14a
Barnabé et Saul à Antioche

Père Divo Barsotti
Les Actes des Apôtres, p. 287s

Il est intéressant de noter que l’Eglise d’Antioche n’est pas gouvernée par les Douze. Le livre des Actes connaissait déjà les Douze et les diacres ; il parle maintenant des prophètes, des docteurs, certainement charismatiques. Seuls nous sont connus Saul et Barnabé. Ni l’un ni l’autre n’est diacre, ni l’un ni l’autre ne fait partie des Douze. Leur présence n’exclut certainement pas l’autorité des Douze, ni l’institution des diacres, mais elle nous dit avec quelle souveraine puissance l’Esprit opérait au sein de la communauté primitive. Barnabé avait vraisemblablement des rapports avec l’un ou l’autre des Douze, et Saul a toujours reconnu comme nécessaire son accord avec Pierre et les autres colonnes de l’Eglise. Lui-même dépend, comme il l’écrira aux Corinthiens, d’une tradition qui ne peut se réclamer ni des Douze, ni de l’Eglise des origines.il nous faut reconnaître que l’Eglise d’Antioche n’a pour fondement ni l’un des Douze, ni même, à leur défaut, quelqu’un qui ait reçu d’eux la mission de l’établir.
On parle ici de prophètes et de docteurs. Il n’est pas facile aujourd’hui de discerner les différences entre ces charismatiques. Peut-être y a-t-il lieu de reconnaître surtout dans les prophètes les hommes de l’Esprit, plus libres dans leur action, et ayant plus d’autorité pour prendre la parole. Le charisme semble donner à ces hommes des fonctions propres et assez déterminés ; la communauté semble être dirigée par eux. Tous ces hommes viennent de pays non seulement lointains, mais distants entre eux : Barnabé vient de Chypre, Saul de Tarse, Lucius de Cyrène, Manaën d’un quelconque territoire juif. Ils venaient donc du judaïsme ou du prosélytisme judaïque. Barnabé nous est déjà connu, ainsi que Saul. Des autres, nous ne savons que le nom. Manaën, frère de lait d’Hérode, nous montre, comme Saul, le caractère imprévisible de l’action de Dieu. Saul était persécuteur de l’Eglise, il devient l’apôtre des Gentils. Manaën apparaît comme l’un de ceux qui ont des responsabilités importantes dans l’Eglise d’Antioche, et il est cité immédiatement après que l’auteur des Actes nous ait raconté la mort d’Hérode, persécuteur de l’Eglise. Ne comptent, dans la communauté des disciples, ni l’origine, ni les liens du sang, ou la communauté de formation : l’unité est créée par l’Esprit seul. L’Esprit œuvre principalement dans l’Eglise d’Antioche pour l’évangélisation du monde grec.
L’Esprit met à part Barnabé et Saul : ils sont séparés des autres pour l’œuvre à laquelle il les a appelés. L’imposition des mains qu’ils reçoivent de la part des frères les met en route : leur apostolat commence, ils deviennent apôtres, missionnaires itinérants pour porter partout, comme les Douze, l’annonce du salut.