Solennité de l’Annonciation du Seigneur, 3° lecture

Sur Luc 1, 26-38
Marie a trouvé grâce
Saint Jean Damascène
Sources Chrétiennes 80, Homélie 1 sur la Dormition, n° 7-8

Quand vint la plénitude du temps, comme dit le divin apôtre, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu à celle qui était vraiment la fille de Dieu, et il lui dit : Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. Admirable propos de l’ange, adressé à celle qui est au-dessus de l’ange : il apporte la joie de tout l’univers.
Marie fut cependant troublée de cette parole, inaccoutumée qu’elle était à s’entretenir avec des hommes. Car elle avait résolu fermement de garder sa virginité. Et elle se demandait en elle-même ce que signifiait cette salutation.
L’ange alors lui dit : Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Elle a trouvé grâce, elle qui est digne de grâce. Elle a trouvé grâce, elle qui a travaillé, labouré le champ de la grâce, moissonné de lourds épis. Elle a trouvé grâce, celle qui produisit les semences de la grâce et moissonna de la grâce une abondante récolte. Elle a trouvé un abîme de grâce, celle qui a gardé sauf le navire d’une double virginité. Elle avait, en effet, veillé à la pureté de son âme non moins qu’à celle de son corps, et sa virginité corporelle en fut elle-même préservée.
L’ange de la vérité lui dit alors : L’Esprit-Saint viendra sur toi, la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Le mystère qui s’accomplit n’est pas soumis aux lois de la nature. Car l’auteur et le maître de la nature modifie à son gré les bornes de la nature.
Au nom divin, toujours entouré d’amour et d’honneur, qu’elle entendit avec un saint respect, elle prononça les paroles de l’obéissance, remplies de crainte et de joie : Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole.
Ô abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses décrets sont insondables, et incompréhensibles ses voies ! Ô immensité de la bonté de Dieu ! Ô amour qui dépasse toute explication ! Celui qui appelle le néant à l’existence, celui remplit le ciel et la terre, celui dont le ciel est le trône et la terre l’escabeau de ses pieds, s’est fait une spacieuse demeure du sein de sa propre servante, et accomplit en elle le mystère, de tous le plus nouveau. Etant Dieu, il devient homme, et, le temps venu de sa naissance, il est enfanté surnaturellement ; il ouvre le sein maternel sans avoir endommagé le sceau de la virginité. Sur des bras humains, il sera porté comme un petit enfant, lui l’éclat de la gloire, l’empreinte de la substance du Père, lui qui soutient tout l’univers par la parole de sa bouche.