Sur Actes des Apôtres 10,34 . 11,4 + 18
Le discours de Pierre
Père Divo Barsotti
Les Actes des Apôtres, p. 255s

Le discours de Pierre s’appuie sur trois arguments fondamentaux. Premier argument : il a vécu avec le Christ, il a été choisi par Dieu, il a mangé et bu avec Jésus après sa résurrection d’entre les morts. Deuxième argument : Dieu a établi juge des vivants et des morts ce Jésus que les Juifs ont crucifié. Troisième argument : les prophéties ont annoncé que c’est seulement au nom du Christ que sera concédée aux hommes la rémission des péchés. Que veulent dire ces trois arguments pour les hommes d’aujourd’hui ? On a dit que le discours de Pierre est l’expression du magistère pétrinien. Cherchons donc à savoir ce qu’il a enseigné.
Avant tout, il n’y a pas de doctrine de l’Eglise qui ne soit témoignage de foi. La magistère semble exiger la sainteté de ceux qui l’exercent. Pierre se réclame d’un témoignage vivant : il a connu le Christ, il a vécu avec lui, il l’a vu ressuscité. Celui qui parle au nom de Dieu doit pouvoir dire : Je l’ai vu. Il doit être témoin vrai. La doctrine est témoignage. Pierre a insisté particulièrement sur le témoignage d’une vie commune avec le Christ.
Second argument : par la Résurrection, Dieu a établi Jésus-Christ Juge des vivants et des morts. Le miracle absolu du christianisme des origines est la foi de chacun. Et que signifie Dieu l’a étable Juge des vivants et des morts sinon que Jésus de Nazareth, l’homme que Pierre a vu, avec lequel il a mangé, est Celui de qui dépend le destin de tout homme ? il n’existe pas un seul homme de qui le salut ne dépende pas du Christ : ce qui compte, c’est l’évènement salvifique de la Résurrection. La Résurrection garantit la foi, mais la foi transcende infiniment l’évènement. Le Christ est le Kyrios, le Juge, le Sauveur. Nous ne pouvons par le perdre, nous passer de lui, sans nous perdre. Sans lui, la vie n’a plus de sens.
Troisième argument : Qu’est-ce que le Salut ? Le discours de Pierre parle de la rémission des péchés. Dans le sens où Pierre le prend ici, le péché est la condamnation, le malheur qui pèse sur tous les hommes. Et maintenant, dans le don de l’Esprit que lui a fait le Christ ressuscité, le pardon est accordé à l’homme, et, avec le pardon, une résurrection lui est promise, une nouvelle naissance. L’homme qui, dans le sentiment de son péché, portait sur lui le poids d’une condamnation divine, expérimente sa grandeur tragique dans une angoisse, une peine, qui semblent de pas connaître de fin. Dieu a rendu l’homme capable de supporter le poids de Dieu : il l’ rendu capable de répondre à son amour ou de refuser Dieu. Et l’acte de l’homme a ainsi les dimensions de l’infini. Le christ qui juge est aussi Celui qui pardonne, et le pardon n’est que la rémission des péchés dans une communion d’amour avec Dieu.