Sur Actes des Apôtres 15, 5-35
L’esprit Saint et nous-mêmes
Claire Patier
Les Actes des Apôtres, p. 58s

Des problèmes se posent quant à la manière dont les premiers chrétiens non-juifs vont pouvoir entrer dans une communauté composée de Juifs observant la Loi de Moïse et pratiquant la circoncision. Ce qui est en cause, c’est ce qu’on pourrait appeler le canal de la Grâce : la Grâce de Dieu peut-elle être accordée à ceux qui n’observent pas les prescriptions que ce même Dieu adonnées à son peuple Israël par l’intermédiaire de Moïse ? Après ce qui s’est passé avec Pierre à Césarée, l’illumination du centurion Corneille et son baptême, il est devenu impossible de faire un absolu de la Loi de Moïse. Si Israël est bien le Fils aîné qui a reçu les promesses et les a gardées, les nations qui font retour à Dieu et reçoivent sa Grâce sont semblables au fils prodigue qui n’a pour lui ni la fidélité à son père, ni l’observance des commandements ; il lui reste l’amour gratuit du Père et cet amour ne lui fait pas défaut. Mais la tentation est grande de demander des comptes à Dieu et de comparer les deux situations : le fils aîné se mit en colère et il refusait d’entrer. Son père sortit l’en prier. Mais il répondit à son père : Voilà tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un seul de tes ordres, et jamais tu ne m‘as donné un chevreau, à moi, pour festoyer avec mes amis ; et puis ton fils que voici revient-il, après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu fais tuer le veau gras !
Les païens sont conviés à la fête avec les Juifs, selon la parole de Paul aux Ephésiens : Les païens sont admis au même héritage, membres du même corps, bénéficiaires de la même promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l’Evangile. Pour régler cette question cruciale des rapports entre le fils aîné et le fils prodigue, et l’admission des païens dans la communauté, il est décidé de monter à Jérusalem pour consulter les nations. Déjà se profile l’importance des apôtres et des anciens : de même que le peuple au désert consultait Moïse, le peuple vient à moi pour consulter Dieu, de même Paul et Barnabé vont écouter la parole de Pierre et de Jacques. L’Eglise naît alors dans une immense confiance en l’Esprit-Saint qui se joint à notre esprit, qui lui donne une grande assurance pour discerner ce qui est bon pour établir la communion entre tous, judéo-chrétiens et chrétiens issus du paganisme : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas imposer d’autres charges que celles qui sont indispensables : s’abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes.