sur Actes des Apôtres 21, 1-26
Le Christ Dieu et homme
Saint Athanase d’Alexandrie
Discours contre les Ariens, chapitre 29-30

Le but et la marque distinctive de l’Ecriture est d’annoncer une double doctrine sur le Sauveur. Depuis toujours il est Dieu et Fils, étant Verbe, Splendeur et Sagesse du Père, et plus tard, pour nous, ayant pris chair de la Vierge Marie, la mère de Dieu, il s’est fait homme. En parcourant la Bible, on trouvera dans l’Ancien Testament les paroles sur le Verbe, et dans l’Evangile on contemplera le Seigneur fait homme, car le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.
Il s’est fait homme, dis-je, il n’est pas venu dans un homme. Et cela aussi est nécessaire à savoir, de peur que, tombant encore dans une nouvelle erreur, on ne trompe certaines gens qui penseraient ceci : autrefois le Verbe venait en chacun des saints, de même il est venu maintenant dans un homme, le rendant saint lui aussi et s’y manifestant comme dans les autres. S’il en était ainsi, si le Verbe n’avait fait qu’apparaître une fois de plus, il n’y aurait là rien d’étonnant, et ceux qui l’ont vu ne se seraient pas demandés : D’où vient celui-ci ?, ajoutant : Pourquoi toi qui es homme, te fais-tu Dieu ? En réalité, le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, a accepté de devenir homme et s’est humilié en prenant la forme de l’esclave ; c’est pourquoi la croix du Christ est pour les Juifs un scandale, mais pour nous le Christ est force de Dieu, sagesse de Dieu.
Le Verbe s’est fait chair. Autrefois donc, le Verbe venait en chaque saint et sanctifiait ceux qui le recevaient dignement, mais il ne s’identifiait pas à eux. A leur naissance, on ne disait pas qu’il s’était fait homme. Mais lorsque le Verbe vint sur la terre, né de Marie, alors il a été dit que, prenant chair, il s’est fait homme. Dans sa chair, il a souffert pour nous, comme le dit saint Paul, pour montrer et faire croire à tous, qu’étant Dieu depuis toujours, et sanctifiant ceux chez qui il venait, et disposant tout selon la volonté de son Père, plus tard, il s’est fait Lui-même homme pour nous : La divinité a habité corporellement dans sa chair. Il a possédé tout ce qui appartient à la nature humaine, ainsi la soif, la faim, la souffrance, la fatigue, et choses semblables que l’homme peut éprouver. Oui, il est bien vrai que le Seigneur, ayant accepté de revêtir la nature humaine, la revêtit toute entière avec ses misères. Qui n’admirerait cela et ne conviendrait que c’est vraiment une œuvre divine ? Si les œuvres de la divinité du Verbe n’avaient pas été accomplies dans un corps, l’homme n’aurait pas participé à la divinité ; de même si l’on refusait d’admettre pour le Verbe ce qui est de la chair, le Verbe n’aurait pas assumé l’homme en lui. Mais maintenant, tous issus de la terre, nous mourons en Adam, ainsi rénovés d’en haut par l’eau et par l’Esprit, tous nous sommes vivifiés dans le Christ, notre chair n’étant plus liée à la terre, mais transfigurée par le Verbe de Dieu, fait chair parmi nous.