sur Galates 3,15 – 4,7
Les chrétiens sont héritiers d’Abraham
Saint Justin
Dialogue avec Tryphon, IIIème partie : le vrai peuple de Dieu, p. 316s

Après la mort de Moïse, homme juste, nous avons refleuri en un autre peuple, nous avons germés épis nouveaux et prospères, selon la parole du prophète Zacharie (2,11) : De nombreuses nation se réfugieront vers le Seigneur, en ce jour-là, comme un peuple ; ils dresseront leur tente au milieu de la terre entière.
Et nous ne sommes pas seulement un peuple, mais encore un peuple saint : Ils t’appelleront peuple saint, racheté par le Seigneur.
Et voilà pourquoi nous ne sommes pas un peuple à mépriser, mais Dieu nous a choisis, et Il est apparu à ceux qui ne l’interrogeaient pas. Voici, dit-il, je suis le Dieu de la nation qui n’a pas invoqué mon nom. Cette nation est celle que Dieu jadis promettait à Abraham, lorsqu’il annonçait qu’il le ferait père de nations nombreuses. Et ce n’est pas des Arabes, ni des Egyptiens, ni des Iduméens qu’il voulait parler. Car Ismaël devint le père d’une grande nation, de même Esaü. Noé aussi fut père d’Abraham et en un mot de tout le genre humain, et d’autres qui lui eurent des descendants.
Qu’est-ce donc que le Christ a accordé là de plus à Abraham ? C’est que, par une même vocation, sa voix l’a appelé et lui a dit de quitter la terre où il habitait. C’est nous tous que cette voix appelait : déjà nous sommes sortis de cette manière de vivre qui était la nôtre, mais nous vivons encore mal comme le commun des autres habitants de cette terre. Avec Abraham, nous hériterons de la Terre Sainte, nous recevrons l’héritage pour l’éternité sans fin, fils d’Abraham par la même foi.
Car de même qu’il a eu foi en la voix de Dieu, et que cette foi lui a été imputée à justice, de même nous, nous avons eu foi en la voix de Dieu qui nous a parlé à nouveau par les Apôtres du Christ, et que les prophètes nous avaient annoncée ; et dans notre foi, nous sommes allés jusqu’à la mort, renonçant à toutes les choses du monde. Cette nation qu’il lui a promise, c’est donc une nation ayant la même foi, pieuse et juste, agréable au Père.