Sur Philippiens 3, 1 – 16
Ce bien suprême qu’est la connaissance

Père Gilles Gaide, moine de Mahitsy
C’est dans le Christ que nous nous glorifions, AS 18, p. 50s

La connaissance du Christ, voilà le bien suprême que Paul a préféré.
Mais pour l’obtenir, il faut renoncer à tous les autres. Telle est l’idée exprimée par les mots : à cause du Christ.
Dans la Bible, le terme de connaissance ne se limite pas à un acte purement intellectuel : les prophètes Osée et Jérémie nous éclairent sur sa signification.
Osée fustige les prêtres, les grands et le roi d’Israël, car un esprit de prostitution les anime, ils ne connaissent pas Dieu ; ils lui sont infidèles. Or voici qu’ils décident de se convertir : Appliquons-nous à connaître Dieu ; et le prophète d’affirmer que Dieu préfère la connaissance, qui inclut un amour sincère, aux holocaustes offerts avec un cœur hypocrite.
Pour Jérémie, connaître Dieu, c’est pratiquer la justice et le droit, juger la cause du pauvre et du malheureux. Connaître Dieu, c’est donc s’attacher à lui par la foi et l’amour, c’est vivre fidèlement l’Alliance.
Telle est bien aussi l’ampleur du concept de connaissance du Christ, dans la lettre aux Philippiens, puis des précisions nous sont apportées : non pas une connaissance spéculative, mais expérience, communication de vie, communion dans un même destin, adhésion de tout l’être qui entraîne à la suite du Christ jusqu’à mourir et ressusciter avec lui.
La profondeur et la complexité de cette connaissance du Christ sont encore soulignées par le double mouvement de la pensée de Paul : elle va de la résurrection du Christ à ses souffrances, puis, à partir de la mort, rejoint la résurrection. La première démarche s’explique facilement par la vie de l’Apôtre : à la différence de ceux qui ont été témoins de la vie publique de Jésus avant de le voir dans sa gloire de ressuscité, Paul a d’abord rencontré le Christ ressuscité. C’est sur le chemin de Damas qu’il a commencé à le connaître vraiment. Les autres mystères de la vie du Seigneur, il ne les a connus qu’ensuite.
Par contre, son identification au Christ s’est accomplie selon l’ordre moral : la condition pour être conformé au corps de gloire du Christ est de lui devenir d’abord conforme dans la mort. Une telle connaissance est un don de Dieu ; la raison humaine réduite à ses seules forces ne peut y atteindre, elle juge selon la chair. Or, nul ne peut dire : Jésus Christ est Seigneur que sous l’action de l’Esprit Saint. Paul n’écrit pas connaissance de Paul, mais connaissance du Christ, car elle ne s’oppose plus au paganisme et à l’idolâtrie, mais à la religion de la Loi.