Sur Philippiens 2, 12-30
La tâche des chrétiens

Saint Jean Chrysostome
Homélies 8 sur la lettre aux Philippiens, OC 18, p. 533s

Frères, quoi que vous fassiez, ne doutez pas que Dieu est là, présent à vos côtés ; sachant ainsi cela, vous ne serez jamais sans craindre, ni trembler. Vous qui avez embrassé la foi, vous qui, ayant pratiqué de nombreuses vertus, avez atteint une hauteur peu commune, prenez garde, tenez-vous dans la crainte, les yeux constamment ouverts afin de n’être pas précipité à terre, car ils sont nombreux les esprits pervers qui ne cherchent qu’à vous jeter à bas. Le psalmiste nous dit : Servez le Seigneur dans la crainte, réjouissez en lui avec tremblement. Quelle peut être cette joie mêlée de crainte ? Il ne saurait y avoir de vraie joie à d’autres conditions ! Lorsque nous avons pratiqué quelque acte de vertu, comme il convient à qui agit avec tremblement, alors seulement nous sommes dans la joie. Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement. Le texte de Paul ne porte pas simplement travaillez, il emploie ici un verbe qui signifie travaillez avec l’énergie et le zèle les plus grands. Ces expressions crainte et tremblement, étant de nature à inspirer de l’inquiétude, Paul s’adoucit en ajoutant C’est Dieu qui opère en vous. Alors, ne vous endormez pas, ne vous amollissez pas : à ces conditions, Dieu fera tout. Pour vous, ayez confiance, car c’est Dieu qui opère en vous. Dieu opérant, à nous de seconder son opération par une volonté énergique et soutenue. C’est Dieu qui opère en vous, et le faire et le vouloir. Mais si c’est Dieu qui opère en vous le vouloir même, à quoi bon nous exhorter ? Si Dieu seul nous détermine à vouloir telle ou telle chose, vainement nous dites-vous que nous avons obéi ; ce n’est pas nous qui avons obéi : en vain nous parlez-vous de crainte et de frayeur ; encore une fois tout dépend de Dieu. Telle n’est pas ma pensée en disant C’est Dieu qui opère le vouloir et le faire ; ce que je désirais, c’était calmer vos sollicitudes. Si vous le voulez, alors il opérera en vous le vouloir. Ne craignez rien et ne vous tourmentez pas : Dieu nous donne et le penchant et la volonté. Dès que nous le désirons il accroîtra l’inclination de la volonté. Je veux, par exemple produire tel acte de vertu : Dieu opère cet acte vertueux, et il opère par là même la volonté. Peut-être l’Apôtre s’exprime-t-il de la sorte par un sentiment de pieuse déférence, de même qu’en qualifiant de grâces nos bonnes actions.