Sur Galates 4,8 – 5,1
« C’est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés »
Père Marc-Antoine Lacan
Le choix fondamental : être asservi ou servir, AS 44, p. 60s

C’est pour que nous soyons vraiment libres que le Christ nous a libérés. Cette affirmation est un des thèmes fondamentaux de cette lettre de Paul. Paul veut démontrer que le dessein de Dieu comporte deux étapes.
La première étape, celle de la Loi, est révolue. En donnant la Loi à son peuple, Dieu avait l’intention de l’éclairer sur la vraie situation de l’humanité. La Loi semble tracer à l’homme le chemin qui le mènera au salut ; mais le peuple, à qui cette Loi est révélée, se montre tout au long de l’histoire, incapable de lui être fidèle ; la Loi apparaît alors comme une lumière qui révèle à l’homme son péché et son asservissement au péché.
Cette étape, nécessaire un temps pour l’éducation du peuple, est maintenant dépassée : le Christ est venu, il a accompli la libération attendue. Pour profiter de cette libération promise à Abraham, que faut-il faire ? Croire, comme Abraham, croire en Dieu et en celui par qui il accomplit la promesse faite à Abraham. Et en quoi consiste cette libération ? Tout d’abord croire en la libération de la Loi.
Affirmation surprenante, surtout pour les Juifs, si fiers d’avoir reçu cette loi de Dieu, Dieu qui les avait choisis. Et cependant, la vérité de l’Evangile que Paul a mission d’annoncer, et qu’il défendra avec énergie, exige que l’on présente la liberté chrétienne dans toute son ampleur : le Christ libère tous ceux qui croient en lui, il les libère de toute contrainte, même celle de la Loi donnée par Dieu à son peuple.
Bien des Juifs ne comprendront pas une telle affirmation. S’il faut croire au Christ, il faut aussi obéir à la Loi, le salut est à cette double condition. Pour Paul, au contraire, le salut est gratuit : le Christ sauve tous les hommes, même ceux qui ne font pas partie du peuple élu, à condition seulement qu’ils croient en lui.
Les croyants d’hier, les Galates et bien d’autres, comme ceux d’aujourd’hui, peuvent lire l’Evangile comme une Loi, au lieu de l’entendre comme l’annonce du salut gratuit dont le Christ est la source unique, et comme un appel à une foi qui est la seul condition du salut. Ils risquent dès lors de considérer leur salut comme leur œuvre, comme une dette de Dieu à l’égard de ceux qui ont été fidèles à sa Loi, alors que cette fidélité est le fruit de la grâce du Christ.
C’est dès lors, c’est aux chrétiens de tous les temps que s’adresse l’apostrophe de Paul : Tenez ferme et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l’esclavage. Car ils sont tous libérés de toute contrainte extérieure, et ils le sont dans la mesure où ils sont fils : un fils n’obéit pas par contrainte, mais parce que l’amour unit sa volonté à celle de son Père. L’Evangile est la révélation de l’amour de Dieu pour les hommes, l’appel que leur adresse cet amour qui veut faire d’eux ses enfants gratuitement.