Sur Ga 5,25 – 6,18

Le paradis de Dieu
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge, n° 260s

Il faut dans nos actions regarder Marie comme un modèle accompli de toute vertu et perfection que le Saint-Esprit a formé dans une pure créature, et l’imiter selon notre pauvre portée. Il faut donc qu’en chaque action nous regardions comme Marie l’a faite ou la ferait si elle était à notre place. Il nous faut faire toutes nos actions en Marie. Pour cela, il faut savoir que la Très Sainte Vierge est le vrai paradis terrestre du Nouvel Adam, et que l’ancien paradis terrestre n’en était que la figure. Il y a donc, dans ce paradis terrestre, des richesses, des beautés, des raretés, et des douceurs inexplicables, que le Nouvel Adam, Jésus Christ, y a laissées. C’est en ce paradis qu’il a pris ses complaisances, pendant neuf mois y a opéré des merveilles, et qu’il a étalé ses richesses avec la magnificence d’un Dieu. Ce très saint lieu n’est composé que d’une terre vierge et immaculée, dont a été formé et nourri le nouvel Adam, sans aucune tache, ni souillure, par l’opération du Saint-Esprit qui y habite. En ce paradis terrestre, est véritablement l’arbre de vie qui a porté Jésus Christ, le fruit de vie, ainsi que l’arbre de science du bien et du mal qui a donné la lumière du monde. Il y a, en ce lieu divin, des arbres plantés de la main de Dieu et arrosés de son onction divine, qui ont porté et porte tous les jours des fruits d’un goût divin ; il y a des parterres émaillés de belles et différentes fleurs des vertus, qui jettent une odeur, laquelle embaume même les anges. Il y a en ce lieu des prairies vertes d’espérance, des tours imprenables de force, des maisons charmantes de confiance. Seul le Saint Esprit peut faire connaître la vérité cachée sous ces figures matérielles. Il y a en ce lieu un air pur, il y a le beau jour sans nuit de l’humanité sainte, le beau soleil sans ombre de la Divinité, une fournaise ardente et continuelle de charité, où tout le fer qu’on y met est embrasé et changé en or. Il y a un fleuve tranquille d’humilité qui sourde de la terre, et qui, se divisant en quatre branches, arrose tout ce lieu enchanté : ce sont les quatre vertus cardinales.
Le Saint Esprit, par la bouche des saints Pères, appelle aussi la Sainte Vierge, la porte orientale, par où le grand prêtre Jésus Christ entre et sort dans le monde. Il y est entré une première fois par elle, il y viendra une seconde fois. On l’appelle aussi le sanctuaire de la Divinité, le repos de la Très Sainte Trinité, le trône de Dieu, la cité de Dieu, l’autel de Dieu, le temple de Dieu, le monde de Dieu. Toutes ces différentes épithètes et louanges sont très vérifiables par rapport aux différentes merveilles et grâces que le Très-Haut a faites en Marie. Oh ! Quelles richesses ! Oh ! Quelle gloire ! Oh ! Quel bonheur de pouvoir entrer et demeurer en Marie où le Très-Haut a mis le trône de sa gloire suprême ! Après que l’on a obtenu cette grâce insigne d’y entrer, il faut demeurer dans ce bel intérieur de Marie, s’y reposer, s’y appuyer, s’y cacher, s’y perdre.