Sur Isaïe 59, 1-14
Tu couvres nos fautes

Sainte Catherine de Sienne
Le Dialogue XXX, p. 55s

Ô éternelle miséricorde qui couvres les défauts de tes créatures, je ne m’étonne pas que tu dises de ceux qui abandonnent leur péché et reviennent à toi : Moi, je ne me souviens plus que tu m’aies jamais offensé !
Ô miséricorde ineffable, je ne m’étonne pas que tu dises cela à ceux qui se détachent du péché, quand tu dis de ceux qui te persécutent : moi, je veux que vous priiez afin que je leur fasse miséricorde !
Ô miséricorde qui procède de ta Divinité, et qui gouverne, par ta puissance, le monde entier !
Dans ta miséricorde, tu nous as créés, dans la miséricorde tu nous recrées dans le sang de ton Fils ; c’est ta miséricorde qui nous garde, c’est ta miséricorde qui a mis ton Fils en agonie, qui l’a abandonné sur le bois de la croix dans cette lutte de la mort contre la vie, de la vie contre la mort.
C’est alors que la vie a vaincu la mort du péché, que la mort du péché a arraché la vie corporelle à l’Agneau sans tache. Qui resta vaincu ? La mort. Qui en a été la cause ? Ta miséricorde.
Ta miséricorde donne la vie, ta miséricorde donne la lumière qui nous fait connaître ta clémence en toute créature, dans les justes comme dans les pécheurs.
Ta miséricorde t’a poussé à nous donner plus encore en te donnant en nourriture afin de nous fortifier dans notre faiblesse, et pour que nous ne puissions jamais oublier tes immenses bienfaits. Voilà pourquoi chaque jour, tu te donnes à l’homme, te présentant à lui dans le sacrement de l’autel, dans le corps mystique de la sainte Eglise. Qui donc a fait cela ? Ta miséricorde.
Ô miséricorde, mon cœur s’embrase en pensant à toi ! De quelque côté que mon esprit se tourne, il ne trouve que miséricorde de ta part.
Ô Père éternel, pardonne mon ignorance : si j’ai l’audace de parler ainsi devant toi, que l’amour de ta miséricorde me soit une excuse devant ta bonté.