Sur Proverbes 10, 6-32
« La bouche du juste produit la sagesse »
Saint Ephrem de Nisibe
Commentaire du Diatessaron, SC 121, p. 396s

Ne t’arrête pas à l’éclat apparent des paroles qui, par leur écorce extérieure, cachent le véritable sens du récit. Mais applique-toi à scruter leur sens profond, et à connaître ce dont elles parlent véritablement ; ne te réfugie pas dans des chemins écartés, mais dans une conviction solide et saine, dans le Testament où l’Esprit a dessiné les membres du Christ pour montrer, par des mystères manifestes, sa forme cachée ; car il a signifié de grandes choses par des petites, et mis en vue, par des choses manifestes, des choses cachées. Il a signifié les temps, fait connaître les nombres, ordonné les heures, mis du mystère dans les noms et de la finesse dans les distinctions.
Chez les anciens, la sagesse apparaissait dans les œuvres plus que dans les paroles ; ils ont préféré à l’exercice de la langue la grandeur de l’intelligence réfléchissant dans le silence.
Honore la chasteté comme Dieu lui-même. Sache qu’il est bon de faire le bien. Tout ce que tu penses, même si tu ne l’accomplis pas, est gravé dans ton esprit, le mal comme le bien. L’homme de bien est comme l’Esprit de Dieu. Le sage, par ses conseils, est comme un prophète pour ceux qui ont besoin de lui. Celui qui a abandonné la vérité et s’est réfugié dans son apparence, sera livré à la mort par son propre refuge. Ces richesses, que tu ne peux pas conserver, ne les demande pas à Dieu, car il ne convient pas de laisser ravir les dons reçus de Dieu. Stimule plutôt ton âme, que sa sagesse te fasse connaître ce qui est juste, et que sa volonté accomplisse ce qui est commandé. Celui qui plaît aux méchants est pire qu’eux-mêmes. Les paroles impures ne sont que verbiage et vain brut : Abondance de parole ne va pas sans faute. Elle est l’indice d’une âme indisciplinée. Des disciples demandèrent à l’un de leurs maîtres quel est le bien qui l’emporte sur tous les autres. Il leur répondit : la sagesse ; car tous les autres biens peuvent être enlevés, et chacun a son contraire : à l’opulence s’oppose la pauvreté, à l’amour la mort, à la gloire l’ignominie, à la force la maladie. Mais la grandeur d’âme demeure à jamais là où elle se trouve ; elle soulage le riche du tracas des richesses, elle console le pauvre des désagréments du besoin, elle réconforte les vieillards, elle éduque les enfants et maintient la jeunesse dans la chasteté. Combien de fois ne se tient-elle pas près du naufrage, tel un petit navire ! Elle est la vertu qui triomphe de toutes choses.