Sur Proverbes 1, 1-7 . 20-33
Recommandation de la Sagesse
Dom Hilaire Duesberg et le Père Paul Auvray
La Bible de Jérusalem, le livre des Proverbes, fascicule, p. 17s

Le long prologue du livre des Proverbes (chapitre 1 à 9) constitue une unité en soi. D’un bout à l’autre, c’est un long discours du sage à son fils pour lui recommander la sagesse et la vertu. Deux harangues de la sagesse personnifiée coupent seules ce développement (quelques versets des chapitres 1 et 8), et, brisant la monotonie, apportent une doctrine plus profonde.
Les conseils du sage sont à la fois dans la ligne des anciens proverbes et dans celle des prophètes. Aux prophètes, surtout Isaïe et Jérémie, ainsi qu’au Deutéronome, ils empruntent de nombreux thèmes d’exhortation. Il y a continuité entre la grande prédication prophétique et le livre des Proverbes. Mais la langue est différente. De ce point de vue, le sage est le descendant direct des auteurs des anciens proverbes : comme eux, il recommande les vertus de droiture, de docilité, de bienveillance, et met en garde contre les vices, la cupidité, la violence, et tout particulièrement contre les mauvaises compagnies. Comme eux encore, il prône la sagesse, c’est-à-dire la science, la prudence, la crainte de Dieu, et condamne les insensés et les railleurs. Mais il est un péché sur lequel il insiste beaucoup et que ne connaissaient pas les vieux proverbes, l’adultère ou la fréquentation des femmes étrangères.
Mais la grande nouveauté de cette première partie du Livre des Proverbes réside dans l’édification d’une doctrine cohérente de la sagesse. Développant une intuition déjà ancienne, les sages d’après l’exil ont fait de la sagesse une personne qui parle et qui agit, qui invite elle-même les hommes à recevoir ses confidences, ou à participer à son banquet, et leur promet en échange le bonheur. La sagesse vient de Dieu. Comme plus tard le Logos de saint Jean, elle est à la fois en Dieu et hors de Dieu. Elle est aussi vieille que le monde et a participé à l’œuvre créatrice, elle dirige encore les choses, et, par elle, les rois et les gouvernants remplissent leurs fonctions. Elle n’a qu’une ambition : être entendue des hommes et les conduire à la vie.