Sur Proverbes 3, 1-20
Attitude du jeune sage vis-à-vis de Dieu et de la sagesse

André Lelièvre et Alphonse Maillot
Commentaire des Proverbes, tome III, p. 66s

Il est sur la bonne voie celui qui a trouvé la sagesse ! C’est ce qui est affirmé dans le texte des Proverbes que nous avons entendu, en laissant bien supposer que cette trouvaille est possible. Cette béatitude est une affirmation qu’il ne faut pas affaiblir en en faisant un souhait, d’autant plus que le terme « bonheur » employé ici a un homonyme « chemin, voie, marche » qui accentue le caractère dynamique de cette exclamation.
Ici le lien entre le candidat à la sagesse et la sagesse elle-même est net : il l’a trouvée, il l’a obtenue. La sagesse est à portée de main de l’homme sans que celui-ci ait d’autre effort à faire que de se montrer réservé envers la richesse.
Le parallélisme avec l’argent et les bijoux laisse bien entendre qu’on peut avoir la sagesse comme une propriété, même si, dans cette comparaison, le sens virtuel est sous-jacent : « Tout le monde sait qu’il vaut mieux être sage que riche, mais tout le monde préfère être riche que sage ». Ailleurs, il sera question d’acquérir la sagesse, de l’acheter, et même de l’aimer, mais cela ne peut se faire sans un minimum d’efforts et de renonciations.
Cependant, on peut facilement l’oublier, l’abandonner, s’en détourner, surtout si certaines femmes s’en mêlent, ou si l’on a de mauvais amis. Dans ces situations, la relation du jeune homme avec la sagesse est plus dynamique, il lui faut la poursuivre, car on la détient moins assurément.
Il faut aussi se rappeler que certains candidats à la sagesse avaient dépassé le point de non-retour, en refusant, à un moment ou l’autre, l’appel décisif et dernier de la sagesse ; plus tard, ils chercheront, appelleront la sagesse, mais sans la trouver, ni obtenir de réponse.
On se souvient que, dans les paraboles de Jésus, il y a aussi ceux qui arrivent après la fermeture des portes. On trouve ici également le même appel que dans Proverbes (3,13) : « Demandez et l’on vous donnera, qui cherche trouve » (Matthieu 7,7-8), même si le sens paradoxal de l’évangile pourrait bien être comme saint Augustin l’a découvert : « Cherchez, c’est déjà avoir trouvé ». La plus mauvaise attitude consiste bien à attendre que tout vienne à nous sans que nous fassions un pas pour l’atteindre.