Sur Proverbes 31, 10-31
La femme accomplie
Père Juan Canto Rubio
La femme parfaite, AS 64, p. 7s

Une femme parfaite, qui la trouvera ? Elle a bien plus de prix que les perles. L’Ecriture considère sa fonction sociale sous divers aspects : son rôle spirituel, ses interventions historiques, le bonheur de son foyer.
La vie spirituelle de la femme accomplie est basée sur la liturgie. Les manifestations cultuelles juives, depuis l’époque du désert, associent la femme à leurs rites : danses sacrées, banquets sacrificiels par exemple. On reconnaissait même à certaines femmes le droit de s’acquitter de fonctions sacrées dans le sanctuaire, témoin ce texte de l’Exode (38,8) : Il fit le bassin de bronze et son socle de bronze avec les tiroirs des femmes qui faisaient le service à l’entrée de la Tente de réunion. Peu importe qui sont ces femmes : le fait est qu’elles pouvaient remplir une fonction dans le Temple et prendre une part active à la liturgie officielle.
La femme modèle intervient non moins activement dans l’histoire de sa nation. Les annales juives relatent les actions d’éclat et les vertus de plus d’une. Des traditions anciennes, écrite ou orales, évoquaient le souvenir de figures féminines de premier plan. Les Israélites entendaient sans cesse vanter leurs vertus : fidélité de Sara, prudence de Rébecca, dignité de Rachel, prestige de Myriam, sœur de Moïse.
Du sein du foyer, la femme parfaite diffuse le bonheur. Son mari jouit auprès d’elle d’une condition heureuse dans la sécurité et le repos ; il bénéficie de ses conseils et de ses encouragements. On citerait volontiers ici la femme d’Ezéchiel si tendrement aimée par le prophète qui l’appelle la joie de mes yeux (24,16) et que l’abattement où le plonge sa mort sert de signe au tout proche anéantissement de Jérusalem. Toute bonne épouse enrichit la personnalité de l’homme en l’épanouissant et en la faisant mûrir.
Notre texte esquisse l’activité domestique de la femme : Elle s’occupe de lin et de laine, et besogne d’une main allègre (v. 13). Le produit de son travail devient dès lors une source de bien-être. Les livres sapientiaux s’en prennent souvent aux paresseux pour les inciter au labeur. On comprend que, poussés par l’urgente et totale résurrection après l’exil, las sages aient eu à cœur d’exhorter leurs contemporains à travailler pour promouvoir le développement économique du pays. Ainsi présentent-ils le travail sous son aspect le plus noble, éludant le caractère pénible qui lui vient du châtiment primitif : Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front (Genèse 3,19).