Sur Job 5, 1-27
La perspective d’une espérance

Père Jean Radermakers
Dieu, Job et la Sagesse, p. 82s

S’il n’y a pas de médiateurs à solliciter, du moins Job peut-il s’adresser à Dieu lui-même. Revenant sur sa propre expérience, Eliphaz exhorte son ami à l’imiter : Pour moi, j’aurais recours à Dieu. A l’en croire, il suffit de contempler l’action de Dieu, révélatrice de son être.
Nous avons affaire ici à un passage hymnique racontant la grandeur de l’agir divin. Le sujet de tous les verbes est Dieu : il fait des merveilles, donne la fécondité au sol, relève les humbles, prend au piège les malins et les rusés, rétablit le malheureux ; bref, il rend possible l’espérance pour qui se trouve dans le malheur. Nous rencontrons ici des phrases de psaumes et du cantique d’Anne, du second livre de Samuel, exaltant Dieu comme créateur et maître de l’histoire. L’action divine opère un redressement des valeurs qui tourne toujours au véritable avantage de l’homme : il fait triompher la justice en jugeant chacun selon ses œuvres. Puisqu’il relève l’affligé, il faut se tourner vers lui d’un cœur contrit : là est l’espérance.
Le verset 17 fait fonction de charnière : c’est une béatitude, Heureux l’homme… C’est le seul endroit, mis à part les discours d’Elihou, où apparaît le thème de la souffrance éducatrice, fréquent ailleurs dans la Bible. Chez les prophètes, c’est le peuple qui est éduqué par l’épreuve ; ici, il s’agit de l’individu.
Le verset 18 reprend le style hymnique avec la double opposition : blesser / panser et frapper / guérir que l’on retrouve en Osée. Libérer, panser, guérir, c’est le propre de Dieu et de ceux qu’il a oints. Dans le récit-cadre, la main de Dieu permettait à celle de Satan d’éprouver Job ; ici, elle devrait le guérir.
Eliphaz poursuit par une formule chiffrée comme en usent les prophètes et les sages. Ici, il s’agit de 6/7 : la bonté de Dieu coïncide avec le déroulement de l’histoire. Elle traverse méchanceté, famine et guerre, médisance et razzia, bêtes sauvages, et elle rétablit le malheureux dans la paix, en lui rendant la fécondité, et en le promettant à une longue vie. Nous rejoignons les visions édéniques des prophètes, et la finale du livre lui donnera raison. Eliphaz promet à Job de recouvrer ses enfants et ses terres, s’il se tourne vers Dieu et s’il écoute la leçon contenue dans la souffrance. La conclusion (v. 27) marque bien le propos : Tout cela, nous l’avons observé : c’est la vérité ! A toi d’écouter et d’en faire ton profit.