Sur Job 3, 1-26
Le diable
Cardinal Christoph Schönborn
Au cœur du message chrétien, p. 46s

« …Mais délivre-nous du mal » : c’est la prière que le Seigneur nous a enseignée. Mais de quel mal devons-nous être délivrés ? Après le Notre Père vient cette prière : « Mais délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps ». Cette invocation englobe tout le mal qui peut nous accabler, le mal physique, le mal moral, affectant notre corps ou notre âme. Les prières de l’Eglise citent certains de ces maux : « De la famine, de la peste et de la guerre, délivre-nous.
Bien qu’il s’agisse de tous ces maux dans le Notre Père, ce n’est pas le mal en général qui est désigné ici en premier lieu, mais le « Malin ». Dans cette demande, le Mal n’est pas une abstraction, il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le « diable » est celui qui se jette en travers du dessein de Dieu et de son œuvre de salut accomplie par le Christ. C’est particulièrement en présence de Jésus que le diable dévoila vraiment qui il est. Il est le Tentateur, cherchant à faire chuter Jésus, précisément là où Adam avait succombé à ses séductions : « Si tu es Fils de Dieu ». Le tentateur cherche à mettre en cause l’attitude filiale de Jésus envers Dieu. Mais face à l’obéissance aimante de Jésus, il est totalement impuissant. Les exorcismes de Jésus, quand il expulse les démons, attestent que le Royaume de Dieu est arrivé, et que le royaume de Satan est vaincu : « Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est alors que le Royaume de Dieu est arrivé pour vous.
Qui donc est « cet homme fort » que Jésus ligote ? « L’Ecriture et la Tradition voient en cet être un ange déchu, appelé Diable ou Satan. L’Eglise enseigne qu’il a d’abord été un ange bon fait par Dieu », mais qui s’est rendu mauvais.
Le Seigneur l’appelle « homicide des origines, menteur et père du mensonge ». Nier cette réalité, et réduire le diable à une simple « puissance anonyme du mal », n’est pas seulement naïf, cela confine à l’aveuglement…, il suffit de voir les gouffres qui se sont ouverts devant les hommes au XX° siècle. Cette situation dramatique du monde qui tout entier gît au pouvoir du mauvais », fait de la vie de l’homme un combat.
« La puissance de Satan n’est cependant pas infinie. Il n’est qu’une créature, puissante du fait qu’il est pur esprit, mais toujours une créature : il ne peut empêcher l’édification du Règne de Dieu…, son action cause de graves dommages, de nature spirituelle et indirectement même de nature physique, pour chaque homme et pour la société… La permission divine de l’activité diabolique est un grand mystère, mais « nous savions que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qu’il aime », car nous croyons que « c’est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu ».