Sur Job 19, 1-29
« Je sais, moi, que mon Rédempteur est vivant »
Grégoire le Grand
Morales sur Job, SC 212, Livre XIV, 67-68, p. 423s

Job ne dit pas Créateur, mais Rédempteur : il désigne clairement celui qui, après avoir tout créé, voulant nous racheter de notre captivité, est apparu parmi nous dans l’Incarnation, et par sa Passion nous a libérés de la mort éternelle. Il faut remarquer avec quelle foi Job s’engage sur la puissance de la divinité de celui dont Paul a pu dire : Oui, il a été crucifié en raison de sa faiblesse, mais il est vivant par la puissance de Dieu. Job dit en effet : Oui, je sais que mon Rédempteur est vivant. C’est dit sans ambages : il a été flagellé, raillé, meurtri de soufflets, couronné d’épines, couvert de crachats, crucifié, il est mort, voilà ce que saura l’incroyant : moi, je crois d’une foi sûre que, depuis sa mort, il est vivant ; je le professe à haute voix, mon Rédempteur est vivant, lui qui est tombé mort entre les mains des impies. Mais, bienheureux Job, quelle confiance te donne la résurrection du Maître en la résurrection de ta propre chair, de grâce, proclame-le ouvertement.
Et le texte poursuit : Je sais que je ressusciterai de la terre au dernier jour. Oui, la résurrection qu’il manifeste en sa personne en nous aussi il l’accomplira un jour. Oui, la résurrection qu’il manifeste en lui, il nous l’a promise, parce que les membres participent de la gloire de leur Tête. Notre Rédempteur a donc assumé la mort pour que nous n’ayons pas peur de mourir. Il manifeste sa résurrection pour que nous ayons, nous, pleine confiance de pouvoir ressusciter. Voilà pourquoi il a voulu aussi que cette mort ne dure pas plus de trois jours : un retard de la résurrection en sa personne, et ce serait en la nôtre la perte de cette espérance. C’est ce qui est dit de lui, non sans sagesse, par le prophète : Au torrent, il boit en chemin, c’est pourquoi il redresse la tête (Ps 109,7). C’est, en effet, au torrent de notre souffrance qu’il a daigné boire, non en s’arrêtant, mais en chemin, puisqu’il a connu la mort en passant, c’est-à-dire l’espace de trois jours, et que dans cette mort qu’il a connue, il n’est pas demeuré, comme nous le ferons, nous. En ressuscitant le troisième jour, il montre donc ce qui est réservé à son corps, c’est-à-dire à l’Eglise.