Sur Job 42, 7-17
Job, figure de l’Eglise
Grégoire le Grand
Morales sur Job, Livre XXXV, n° 12s, SC 538, p.303s

Notons avec soin que Dieu dans sa dernière intervention prescrit aux amis de Job de lui offrir le sacrifice de leur conversion, non pas en leur nom propre, mais par l’intermédiaire de Job. C’est-à-dire que, lorsqu’ils reviennent de leurs erreurs, les hérétiques ne peuvent absolument pas apaiser la colère de Dieu à leur égard par un sacrifice qu’ils offriraient d’eux-mêmes, à moins de se convertir à l’Eglise catholique, que symbolise le bienheureux Job, afin d’obtenir leur salut par les prières de celle dont ils combattaient la foi par leurs fausses allégations. Il est dit en effet : Mon serviteur Job priera pour vous ; j’aurais égard à lui, en sorte que votre folie ne lui soit pas imputée. Comme s’il disait clairement aux hérétiques : Je n’accepte pas vos sacrifices, je n’écoute pas l’expression de vos demandes si ce n’est par l’intercession de celle dont je reconnais comme authentique l’expression de la profession de foi à mon égard. Quant à vous, amenez taureaux et béliers pour bien montrer le sacrifice de votre conversion, mais demandez-moi votre salut par l’Eglise catholique que j’aime. C’est à elle que je veux remettre ce que vous avez commis contre moi en sa personne, afin que ce soit elle, qui souffrait de votre maladie, qui obtienne votre santé.
Oui, c’est d’elle seule que le Seigneur accepte volontiers un sacrifice, elle seule qui intercède en toute assurance pour ceux qui s’égarent. C’est en elle seule, l’Eglise, qu’une bonne œuvre est accomplie avec fruit, c’est pourquoi il n’y a que ceux qui avaient travaillé à la vigne qui ont reçu le salaire d’un denier. C’est elle seule qui garde dans les liens solides de la charité ceux qui demeurent en elle. Voilà pourquoi l’eau du Déluge souleva l’arche dans les hauteurs et fit périr tous ceux qu’elle trouva hors de l’arche. Elle est la seule en qui nous puissions contempler en vérité les mystères d’en-haut. C’est pourquoi le Seigneur dit à Moïse : Voici un lieu près de moi, et tu te tiendras debout sur la pierre. Et un peu plus loin : j’enlèverai ma main et tu verras mon dos. En effet, ce n’est qu’en conformité avec l’Eglise catholique que l’on peut saisir la vérité, le Seigneur déclare qu’il y a un lieu près de lui d’où l’on peut l’apercevoir. Moïse monte sur une pierre afin de contempler Dieu, car personne, sans se tenir sur le solide fondement de la foi, ne peut avoir connaissance de la présence divine. C’est de ce solide fondement que parle le Seigneur quand il dit : Sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise. Que signifie de dire à cet endroit aux amis de Job : Adressez-vous à Job, sinon : Montez sur cette pierre ? Que signifie : J’aurai égard à lui pour vous en sorte que votre folie ne vous soit pas imputée, sinon ce qui est dit ici : Tu verras mon dos, c’est-à-dire : Tu comprendras les mystères de l’Incarnation qui s’accomplira plus tard ?