Sur Marc 3, 31-35
Jésus demandé par sa mère

Saint Augustin
De l’accord des évangélistes, Livre II, chapitre 40, OC 8, p. 537s

Lorsque Jésus parlait au peuple, d’après l’évangéliste Matthieu, sa mère et ses frères se tenaient au dehors et demandaient à lui parler. Que venait de faire Jésus peu auparavant ? Il venait d’instituer les Douze et de venir à la maison. Sa famille, étonnée, veut s’emparer de lui, disant qu’ « il a perdu la tête » ; et les scribes pensent qu’ « il a Béelzéboul en lui » ! Et que répond Jésus à ceux qui lui font savoir que sa mère et ses frères sont là ? « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma Mère, ma sœur ». Sans aucun doute, nous devons voir dans ce fait la suite immédiate de ce qui précède. Voici, en effet, en saint Matthieu, la transition du premier au second fait : « Lorsque Jésus parlait encore à la foule ». Que veut dire ce mot « encore » si ce n’est au moment même où il tenait ce discours ? En effet, il ne dit pas : pendant qu’il parlait au peuple, sa mère et ses frères vinrent », mais « tandis qu’il parlait encore », ce qui nous force d’entendre que c’était pendant qu’il adressait à la foule les enseignements qui précèdent.
Saint Marc, dans l’évangile de ce jour, place également ce fait après avoir rapporté ce que Notre Seigneur avait dit du blasphème contre le Saint-Esprit : « Et sa Mère et ses frères vinrent », dit-il, en passant sous silence certains points du discours du Seigneur sur lesquels saint Matthieu s’étend davantage. Quant à saint Luc, il n’a point ici gardé l’ordre historique, mais il a raconté ce fait par anticipation, d’après l’ordre de ses souvenirs, et il se trouve placé dans son récit sans aucune liaison avec ce qui suit ou ce qui précède. En effet, après avoir rapporté quelques paraboles du Sauveur, il présente ainsi ce fait qui lui revient à la mémoire : « Or sa mère et ses frères vinrent à lui, et il ne pouvait l’aborder à cause de la foule ». Il ne précise point le moment où ils sont venus. De même lorsqu’il passe au fait suivant, il s’exprime de la sorte : « Or, il arriva un jour qu’il monta dans une barque et ses disciples avec lui ». Evidemment, en disant : il arriva un jour, il ne nous oblige en aucune façon à l’entendre du jour où se passa le fait précédent ou du jour qui suivit immédiatement. Le récit de saint Matthieu, sur la mère et les frères de Jésus, n’offre donc aucune opposition avec celui des deux autres évangélistes, ni pour les paroles du Seigneur, ni pour l’ordre des événements.