Marie Madeleine, dite Marie de Magdala
Christine Pellistrandi
Femmes de l’Evangile, p. 98s

Qui est à l’origine la véritable Marie de Magdala, celle qui, arrivée la première au tombeau, prévint Simon-Pierre et Jean que le corps de Jésus a disparu ? Que dit l’évangile à son propos ?
Luc rapporte que Jésus annonçait la bonne nouvelle du règne de Dieu dans les villes et les villages de Galilée. Il était accompagné par les douze apôtres, ainsi que par quelques femmes qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladies. Il cite leur nom, et en premier vient Marie, dite de Magdala, dont étaient sortis sept démons.
La première indication est donc d’ordre géographique : cette Marie est de Magdala, un port de pêche situé sur la rive ouest de la mer de Galilée, entre Génésareth et Tibériade.
Ces femmes devaient jouir d’un certain niveau social : elles aidaient Jésus et les apôtres de leurs biens. Les mots de Luc révèlent beaucoup sur la vie de Marie de Magdala avant sa rencontre avec Jésus. Il dit précisément que Marie de Magdala avait eu sept démons. Que cachent ces diables que le Moyen Age a représentés comme des animaux fantastiques, les plus terrifiants possibles ? On désignait à travers eux des esprits intermédiaires entre Dieu et les hommes, lesquels s’emparaient d’une personne pour en faire leur otage. C’était une manière d’expliquer, à l’époque, les troubles du comportement, expression que l’on retrouve d’ailleurs lorsque l’on dit de quelqu’un qu’il est possédé. Le chiffre sept n’est pas sans signification : il exprime la totalité. Marie avait donc été sous l’emprise de démons, autrement dit elle avait été gravement malade dans cette catégorie de maladies nerveuses où la volonté et la personnalité s’évanouissent complètement et disparaissent épuisées, écartelées, gouvernées par le néant. Elle n’était plus responsable de ce qu’elle disait ou de ce qu’elle faisait puisque sa liberté n’existait plus et que sa conscience était obscurcie. En la guérissant, Jésus avait rendu à la démente, non seulement sa dignité, mais surtout sa capacité d’être, d’exister, de se redresser. Elle devait à la clémence de Jésus le bonheur d’avoir retrouvé la maîtrise de ses pensées, de ses gestes, de se décisions. Redevenue libre, elle retrouvait la responsabilité de ses actes.
Marie de Magdala est un magnifique témoin de la guérison totale qu’apporte le Christ, elle est image de la réalité spirituelle du baptême qui transfigure la personne qui reçoit le sacrement, ce qui ne signifie pas que celle-ci n’a plus aucun combat spirituel à livrer et que sa foi est construite une fois pour toutes, à l’abri des nuits obscures et des tentations.