Sur Jean 20, 1-18
Marie, elle, resta

Grégoire Palamas
Homélie 20, PG 151, 266-271

Lorsque Jean et Pierre eurent entendu le message de Marie, ils se hâtèrent vers ce tombeau d’où était sortie la Vie, et, après avoir constaté la réalité, remplie de foi et d’admiration par les preuves qui leur étaient données, ils s’en retournèrent chez eux. Marie, elle, resta : elle demeurait dehors près du tombeau et sanglotait.
Parmi celles qui ont porté du parfum au tombeau du Christ, Marie-Madeleine est la seule dont nous célébrons la fête. Le Christ avait chassé d’elle sept esprits mauvais, pour faire place aux sept opérations de la grâce de l’esprit. Sa persévérance à demeurer près du tombeau lui valut la vision et la conversation des anges ; puis, après avoir vu le Seigneur, elle devient son apôtre auprès des apôtres. Instruite et pleinement assurée par la bouche même de Dieu, elle va leur annoncer qu’elle a vu le Seigneur et leur répéter ce qu’il a dit.
Considérons, mes frères, combien Marie-Madeleine le cédait en dignité à Pierre, le chef des apôtres, et à Jean, le bien-aimé théologien du Christ, et combien pourtant elle fut plus favorisée qu’eux. Eux, lorsqu’ils accoururent au sépulcre, ne virent que des bandelettes et le suaire ; mais elle, qui était restée jusqu’au bout avec la ferme persévérance à la porte du tombeau, elle vit, avant les apôtres, non seulement les anges, mais le Seigneur des anges lui-même ressuscité dans la chair. Elle entendit sa voix, et ainsi Dieu, par sa propre parole, la mit à son service.
Le temple où nous sommes en ce moment est la figure du tombeau du Christ. Il en est même mieux que la figure, il est pour ainsi dire réellement un autre Saint Sépulcre. Là se trouve la place où l’on dépose le corps du Seigneur, là se trouve la table sacrée. Celui donc qui, de tout son cœur, se hâte vers ce divin tombeau, véritable demeure de Dieu, pour s’y fixer et s’y attacher jusqu’à la fin, l’esprit recueilli et tendu vers Dieu, celui-là, non seulement y apprendra les paroles des livres inspirés qui l’instruiront à la manière des anges sur la divinité et l’humanité du Verbe incarné, mais encore, il contemplera sans erreur possible le Seigneur lui-même avec les yeux de l’esprit, pour ne pas dire plus : avec ceux du corps. Car celui qui regarde avec foi la table mystique, et le pain de vie déposé sur elle, voit dans sa réalité le Verbe de Dieu qui s’est fait chair pour nous et demeure parmi nous. Et s’il se rend digne de le recevoir, non seulement il le voit, mais il participe à son être, il le reçoit en son cœur comme un hôte, il s’emplie de la grâce divine qui vient de lui ; et de même que Marie a vu ce qu’alors désiraient voir les apôtres, ainsi il mérite la vue et la jouissance de ce que les anges, selon l’apôtre, aspirent à regarder. Par cette contemplation, par cette participation au mystère, il se divinise tout entier.