« Je frapperai le berger et les brebis seront dispersés »
Saint Didyme l’Aveugle
Sur Zacharie, SC 85, livre IV, p. 993s

C’est dans cette prophétie que Matthieu l’Evangéliste a pris le passage de de son Evangile où il dit, quand Jésus est arrêté, et que les disciples, scandalisés, prennent la fuite : Afin que s’accomplisse ce qui avait été dit par le prophète : Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées. Il entend par frapper et donner des coups la mort en faveur du troupeau spirituel endurée par le véritable pasteur qui livre sa vie pour ses brebis, donnée en rançon pour beaucoup.
En les rapportant au complot qui se réalisa quand furent blessées les mains et percés les pieds du bon pasteur, on doit entendre les paroles qu’il adresse au Père : Celui qui tu as frappé, ils l’ont persécuté et ils ont eux-mêmes ajouté aux souffrances de mes blessures. Car les meurtriers du Seigneur, en frappant Celui que Dieu avait livré pour eux, ont ajouté à la souffrance de ses blessures, aggravant le complot par leurs persécutions.
Connaissant l’audace sacrilège des méchants, Celui qui a envoyé son propre pasteur livré pour les brebis ordonne à son épée de se réveiller contre son propre pasteur et contre son compatriote, ce dernier étant le peuple hébreu. Cependant le glaive qui a été suscité a tué le compatriote sans faire de mal au pasteur qui a subi la mort par pitié pour le troupeau. Comment en effet n’échapperait-il pas à tout mal celui qui dit à Dieu : Délivre mon âme de l’épée ? Ces paroles se trouvent au psaume 21, qui s’exprime d’un bout à l’autre au nom au Sauveur. Mais tandis que l’âme de celui qui a adressé à Dieu cette prière a été délivrée de l’épée, son compatriote est tombé sous les coups vengeurs du glaive, selon ce qui est dit dans le prophète Amos : Tous les pécheurs du peuple mourront par l’épée. Le même châtiment est suggéré par ce mot de Dieu dans le prophète Sophonie : Vous, Ethiopiens, vous êtes les blessés de mon épée.
Ceux qui tombent sous le coup de l’épée de Dieu sont des Ethiopiens, car ils ont tous part à la malice et au péché du diable, de la noirceur duquel ils tirent leur nom. Dans le Pasteur et dans la Lettre de Barnabé, Satan est appelé le Noir, parce qu’il est déchu de la splendeur, de la vertu, et de la blancheur spirituelle que seuls peuvent posséder ceux qui ont été blanchis par Dieu.
Quand le pasteur a été frappé de la manière indiquée et quand, de ce fait, les brebis ont été dispersées, Dieu porte la main sur les pasteurs, sur les pontifes, les anciens et les docteurs de la Loi chez les Juifs, qui complotent contre le bon pasteur qui a donné sa vie pour ses brebis afin qu’elles aient le salut. Et la dispersion des pasteurs a eu lieu, tout comme celle du troupeau qui était sous leurs ordres, quand la main de Dieu s’est étendue sur eux.