Sur Tite 1, 1-16
L’appel est premier

Saint Jean Chrysostome
Homélies sur la lettre à Tite, Homélie I, OC XX, p. 2s

Parmi les compagnons de Paul, Tite était un homme éprouvé ; s’il n’eût pas fait ses preuves, son maître n’aurait pas eu la pensée de lui confier une île entière, ni de lui commander suppléer à ce qui manquait, selon l’expression même de l’Apôtre. Celui-ci ne l’eût pas non plus chargé de la direction de tant d’évêques, s’il n’avait pas eu pleinement confiance en lui.
Que signifient donc ces paroles de Paul : Paul, serviteur de Dieu, apôtres de Jésus Christ, selon la foi des élus de Dieu ? Voyez comment il prend indistinctement ces titres de serviteur de Dieu, d’apôtre du Christ, et parfois de serviteur du Christ. C’est dire qu’il ne met aucune inégalité entre le Père et le Fils. Selon la foi des élus de Dieu et la connaissance de la vérité qui est conforme à la piété, dans l’espérance de la vie éternelle. Cette foi des élus de Dieu, est-ce la confiance que vous avez donnée, ou celle dont vous avez été l’objet ? il entend dire, à mon avis, que les élus de Dieu lui sont confiés. Voici le sens de cette parole : ce n’est pas à cause de mes bonnes œuvres, ni de mes pénibles labeurs, que j’ai reçu cet auguste ministère ; il ne faut voir là que la bonté de celui qui m’a témoigné cette confiance. Après cela, pour que la grâce ne leur paraisse pas une chose sans raison, tout n’étant pas l’œuvre de Dieu, qui n’eût pas autrement manqué de donner la même confiance aux autres, il ajoute : Et la connaissance de la vérité qui est conforme à la piété. De là cette confiance que Dieu m’a témoignée, ou plutôt cette confiance même est un pur don de sa grâce, c’est son œuvre à lui. Le Christ lui-même disait : Je n’ai pas été choisi par vous, c’est moi qui vous ai choisis. Le bienheureux apôtre s’exprime ainsi dans une lettre : Dans l’espoir de le saisir comme je suis saisi moi-même par le Christ. Nous avons d’abord été saisis, et nos yeux se sont ouverts ensuite ; nous sommes d’abord vus, et nous voyons ensuite ; l’appel nous est d’abord adressé, puis vient notre obéissance. En ajoutant selon la foi, il leur rapporte tout : pour eux, je suis apôtre, ce n’est pas à cause de mon mérite, c’est à cause des élus. Il dit ailleurs la même chose : Tout est à vous, mais vous vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.