sur 1 Corinthiens 7,25-40 ou Apocalypse 7,9-17
Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, patronne de l’Europe

Saint Jean-Paul II
Lettre apostolique « Spes aedificandi », DC n° 2213, 7.11.1999, p. 918s

La rencontre d’Edith Stein, sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, avec le christianisme ne la conduit pas à renier ses racines juives, mais les lui fait plutôt redécouvrir en plénitude. Cependant, cela ne lui épargne pas l’incompréhension de la part de ses proches. En réalité, tout son chemin de perfection chrétienne se déroule sous le signe non seulement de la solidarité humaine avec son peuple d’origine, mais aussi d’un vrai partage spirituel avec la vocation des fils d’Abraham, marqués par le mystère de l’appel et des dons irrévocables.
Elle fit sienne la souffrance du peuple juif à mesure que celle-ci s’exacerbait au cours de la féroce persécution nazie, qui demeure à côté d’autres graves expressions du totalitarisme, l’un des taches les plus sombres et les plus honteuses de l’Europe du XX° siècle. Elle ressentit alors dans l’extermination massive des Juifs, que la croix du Christ était mise sur le dos de son peuple, et elle vécut comme une participation personnelle à la Croix sa déportation et son exécution dans le tristement célèbre camp d’Auschwitz-Birkenau. Son cri se mêla à celui de toutes les victimes de cette épouvantable tragédie, s’unissant en même temps au cri du Christ qui assure à la souffrance humaine une fécondité mystérieuse et durable. Son image de sainteté reste pour toujours liée au drame de sa mort violente, aux côtés de tous ceux qui la subirent avec elle. Elle reste comme une annonce de l’Evangile de la Croix à laquelle elle voulait s’identifier par son nom de religieuse.
Nous nous tournons aujourd’hui vers Thérèse-Bénédicte de la Croix, reconnaissant dans son témoignage de victime innocente, d’une part l’imitation de l’Agneau immolé et la protestation élevée contre toutes les violations des droits fondamentaux de la personne, et d’autre part le gage de la rencontre renouvelée entre Juifs et Chrétiens qui, dans la ligne voulue par Vatican II, connaît un temps prometteur d’ouverture réciproque. Déclarer Edith Stein co-patronne de l’Europe signifie déployer sur l’horizon du vieux continent un étendard de respect , de tolérance, d’accueil, qui invite, hommes et femmes, à se comprendre, à s’accepter au-delà des diversités de race, de culture, et de religion, afin de former une société vraiment fraternelle.