Sur Matthieu 25, 1-13
Les vierges sages, avec leurs lampes, prirent de l’huile
Saint Séraphim de Sarov
Entretiens avec Motovilov, p. 158s

Dans la parabole des vierges sages et des vierges folles, quand ces dernières manquèrent d’huile, il leur fut dit : Allez en acheter au marché. Mais en revenant, elles trouvèrent la porte de la chambre nuptiale close, et ne purent entrer. Certains estiment que le manque d’huile chez les vierges folles symbolise l’insuffisance d’actions vertueuses faites au cours de leur vie. Une telle interprétation n’est pas entièrement juste. Quel manque d’actions vertueuses pouvait-il y avoir puisqu’elles étaient appelées vierges, quoique folles ? La virginité est une haute vertu, un état quasi-angélique, pouvant remplacer toutes les autres vertus. Moi, misérable, je pense qu’il leur manquait justement le Saint-Esprit de Dieu.
En parlant de ces vierges, Antoine le Grand dit, dans ses Lettres aux moines : Beaucoup de moines et de vierges ignorent complètement la différence qui existe entre les trois volontés agissant à l’intérieur de l’homme. La première est la volonté de Dieu, parfaite et salvatrice ; la deuxième est notre volonté propre, qui, en soi, n’est ni néfaste, ni salvatrice ; tandis que la troisième, diabolique, est tout à fait néfaste. C’est cette troisième volonté ennemie qui oblige l’homme soit à ne pas pratiquer du tout, soit à la pratique par vanité, ou uniquement pour le bien, non pour le Christ. La deuxième, notre volonté propre, nous incite à satisfaire nos mauvais instincts, ou, comme celle de l’ennemi, nous apprend à faire le bien au nom du bien, sans se soucier de la grâce que nous pouvons acquérir. Quant à la première volonté, celle de Dieu, elle consiste à nous apprendre à faire le bien uniquement dans le but d’acquérir le Saint-Esprit, trésor éternel, que rien au monde n’est digne d’égaler.
C’est justement la grâce du Saint-Esprit, symbolisé par l’huile, qui faisait défaut aux vierges folles. Elles sont appelées folles parce qu’elles ne se souciaient pas du fruit indispensable de la vertu qui est la grâce du Saint-Esprit, sans laquelle personne ne peut être sauvé, car, selon ce que dit l’Antienne : Toute âme est vivifiée par le Saint Esprit afin d’être illuminée par le mystère sacré de l’unité trinitaire.
Le Saint-Esprit lui-même vient habiter nos âmes, et cette résidence en nous du Tout-Puissant, la coexistence en nous de son unité trinitaire avec notre esprit ne nous est donnée qu’à condition de travailler par tous les moyens en notre pouvoir à l’obtention de cet Esprit Saint qui prépare en nous un lieu digne de cette rencontre, selon la parole immuable de Dieu : Je viendrai et j’habiterai en eux ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple (Lévitique 26,11-12). C’est cela l’huile que les vierges sages avaient dans leurs lampes, huile capable de brûler longtemps, haut et clair, permettant d’attendre l’arrivée, à minuit, de l’époux, et l’entrée, avec lui, dans la chambre nuptiale de la joie éternelle.