Sur Jonas 3,1 – 4,11
Fondation du couvent Notre-Dame de Prouille
Père Henri-Dominique Lacordaire
Saint Dominique, p. 13s

Dom Diégo, Dominique et quelques prêtres espagnols prirent à pied, depuis Osma, la route de Narbonne et de Toulouse. Ils s’arrêtaient en chemin dans les villes et dans les bourgs. Quand ils avaient résolu d’évangéliser quelque part, ils y demeuraient un temps proportionné à l’importance du lieu et à l’impression qu’ils y produisaient. Ils prêchaient aux catholiques dans les églises et tenaient des conférences avec les hérétiques dans les maisons particulières.
L’un des premiers bourgs où ils s’arrêtèrent fut Caraman, non loin de Toulouse. Ils y annoncèrent la vérité avec tant de succès pendant huit jours, que les habitants voulaient chasser les hérétiques, et reconduisirent fort loin nos missionnaires à leur départ.
Dominique s’aperçut assez vite qu’une des causes du progrès de l’hérésie était l’adresse avec laquelle les hérétiques s’emparaient de l’éducation des jeunes filles nobles, lorsque leurs familles étaient trop pauvres pour leur donner une éducation convenable à leur rang. Il songea devant Dieu aux moyens de remédier à cette séduction, et crut qu’il y parviendrait par la fondation d’un monastère destiné à recueillir les jeunes filles catholiques que la naissance et la pauvreté exposaient aux pièges de l’erreur. Il y avait à Prouille, village situé dans une plaine, entre Fanjeaux et Montréal, au pied des Pyrénées, une église dédiée à la Sainte Vierge, et célèbre depuis longtemps par la vénération des peuples. Dominique affectionnait Notre-Dame de Prouille ; il y avait souvent prié dans ses courses apostoliques. Soit qu’il monta les premières collines des Pyrénées, ou qu’il en descendit, l’humble sanctuaire de Prouille lui apparaissait, à l’entrée du Languedoc, comme un lieu d’espérance et de consolation. Ce fut donc là, tout à côté de l’église, qu’il établit son monastère, avec le consentement et l’appui de l’évêque Foulques, tout récemment monté sur le siège de Toulouse.
Le 27 décembre 1206, jour de saint Jean l’Evangéliste, Dominique eut la joie d’ouvrir les portes de Notre-Dame-de-Prouille à plusieurs dames et demoiselles qui avaient souhaité se consacrer à Dieu entre ses mains.