Sur Joël 4, 9-21
Le sacrement de son amour
Saint Jean-Marie Vianney
Pensées, présentées par Bernard Nodet, p. 108s

Tous les êtres de la création ont besoin de se nourrir pour vivre : c’est pour cela que le bon Dieu a fait croître les arbres et les plantes. C’est une table bien servie où tous les animaux viennent prendre chacun la nourriture qui lui convient. Mais il faut aussi que l’âme se nourrisse. Lorsque Dieu a voulu donner une nourriture à notre âme pour la soutenir dans le pèlerinage de cette vie, il promena ses regards sur la création et ne trouva rien qui ne fut digne d’elle. Alors il se retourna vers lui-même et décida de se donner.
Jamais nous n’aurions pensé à demander à Dieu son propre Fils. Mais ce que l’homme ne peut pas dire, ce qu’il ne peut concevoir, ce qu’il n’eût jamais osé désirer, Dieu, dans son amour, l’a dit, l’a conçu, et l’a exécuté. Eussions-nous jamais osé dire à Dieu de faire mourir son Fils pour nous, de nous donner sa chair à manger, son sang à boire ? Si tout cela n’était pas vrai, l’homme aurait donc pu s’imaginer des choses que Dieu ne peut pas faire. Il serait allé plus loin que Dieu dans les inventions de son amour. Cela n’est pas possible ! Il n’y a rien de si grand que l’Eucharistie ! Si Dieu avait quelque chose de plus précieux, il nous le donnerait ! Ô mon Dieu, comme c’est dommage que nous ne soyons pas pénétrés de votre sainte Présence ! Ah ! Si nous avions la foi, si nous étions bien pénétrés de la présence de Notre Seigneur qui est là sur nos autels, avec ses mains pleines de grâces qu’il cherche à distribuer, avec quel respect nous serions en sa sainte Présence !
Notre Seigneur est donc là dans le sacrement de son amour qui soupire et intercède sans cesse pour les pécheurs. Oh ! Mes enfants, que fait Notre Seigneur dans le sacrement de son amour ? Il a pris son bon cœur pour nous aimer. Il sort de ce cœur une transpiration de tendresse et de miséricorde pour noyer les péchés du monde.
Que fait notre Seigneur dans le saint tabernacle ? Il nous attend ! Il est là caché qui attend que nous venions le visiter et lui faire nos demandes. Voyez comme il est bon ! Il s’accommode à notre faiblesse. S’il se fût présenté avec sa gloire devant nous, nous n’aurions pas osé l’approcher. Lorsque nous sommes devant le Saint Sacrement, au lieu de regarder autour de nous, fermons nos yeux et notre bouche, ouvrons notre cœur, le bon Dieu ouvrira le sien ; nous irons à lui, et lui viendra à nous, l’un pour demander, l’autre pour recevoir : ce sera comme un souffle de l’un à l’autre.